Vosges : Nestlé Waters va supprimer 171 postes
Coup de massue dans les Vosges. Plombé par l’arrêt de la commercialisation de son eau Vittel en Allemagne, Nestlé Waters a annoncé ce mardi la suppression « d’ici la fin de l’année » de 171 postes sur son site Vosgiens, soit un quart des 721 emplois. « C’est une très mauvaise nouvelle pour le territoire et pour Vittel au sens large du terme », a réagi Franck Perry, le maire LR de Vittel, évoquant « un coup de canif (…) à l’attractivité de notre territoire ».
Le projet, qui vient d’être annoncé aux salariés, « est à la fois industriel, organisationnel et social » et vise à maintenir la compétitivité du site qui produit les eaux Vittel, Hépar et Contrex, et se trouve « sur un segment des eaux plates extrêmement concurrentiel », a indiqué une porte-parole du groupe. Il « conduirait à la reconfiguration de nos lignes de production » de Vittel-Contrexéville, où travaillent actuellement 721 personnes, « avec un impact net de 171 suppressions d’emplois d’ici la fin de l’année », a-t-elle ajouté. Avec ce plan social, les effectifs devraient arriver à 550, un niveau historiquement bas. Selon un ancien délégué syndical 2.100 salariés travaillaient encore à l’usine en 2005. « Depuis, entre modernisation de la production et baisse des volumes produits, ça n’a pas arrêté de baisser », a-t-il affirmé.
« Nous sommes pour la préservation des nappes phréatiques et pour l’écologie, mais il faut trouver un équilibre avec l’activité économique et cet équilibre a été mis à mal par des idéologues », a dénoncé Franck Perry, pointant le rapport en juillet 2021 de l’enquête parlementaire présidée par la députée LFI Mathilde Panot sur « la mainmise sur la ressource en eau par les intérêts privés et ses conséquences ». « Une politique de sape » qui s’est selon lui « répandue en Allemagne » et y a fait chuter les ventes d’eau Vittel.
Arrêt de la commercialisation en Allemagne
Selon la porte-parole de Nestlé Waters, ce projet de réorganisation « est essentiellement motivé par la décision prise en 2022 d’arrêter la commercialisation de Vittel en Allemagne », qui a entraîné « une diminution significative des volumes produits » dans les Vosges. Autre difficulté à laquelle doit faire face le minéralier : « les conditions climatiques », qui affectent les conditions d’exploitation des eaux de certains forages, a-t-elle poursuivi. Début mai déjà, Nestlé Waters avait annoncé la suspension sine die de deux des six forages de son site vosgien dédiés à l’eau Hépar en raison des aléas climatiques. Ajoutée à l’arrêt des ventes outre-Rhin, cette suspension a mécaniquement « amplifié un peu plus la baisse des volumes produits sur le site », a expliqué la porte-parole.
Selon le quotidien Vosges Matin, ces deux forages représentent à eux seuls « 60 % de la production » de l’eau Hépar, connue pour sa teneur élevée en magnésium. « Notre priorité (…) est avant tout » d’accompagner les salariés « tout au long du processus » et Nestlé Waters « va tout mettre en œuvre pour minimiser les conséquences sociales de ce projet », a insisté la porte-parole. L’entreprise entend notamment limiter « au maximum les départs contraints » et va proposer « des solutions d’aménagement de fin de carrière » et « de mobilité en interne », a-t-elle indiqué.
Un « programme de revitalisation » pas encore révélé
« On est conscient de notre rôle majeur (…) dans la région. On va continuer à s’impliquer dans le tissu économique et social, en collaboration avec les autorités locales pour minimiser l’impact sur le bassin d’emploi », a-t-elle poursuivi, évoquant un « programme de revitalisation » dont elle n’a pas dans l’immédiat donné les détails. Nestlé Waters a la « volonté d’assurer un avenir » au site vosgien « en identifiant les meilleures opportunités de développement pour nos marques » et en poursuivant les « engagements en matière de protection de l’environnement et de préservation de la ressource en eau », a encore assuré la porte-parole du groupe, gros pourvoyeur d’emplois localement mais aussi très critiqué pour son impact sur les réserves en eau du secteur.
Source: 20 Minutes