Cannes : des actrices s’indignent qu’on déroule le tapis rouge pour Johnny Depp et Maïwenn
« La honte » : un collectif d’actrices et d’acteurs, dont Julie Gayet et Laure Calamy font partie, s’est indigné, mardi 16 mai, que les organisateurs du Festival de Cannes déroulent « le tapis rouge aux hommes et femmes qui agressent », en faisant allusion à Johnny Depp et à la réalisatrice Maïwenn.
Dans une tribune publiée par le quotidien Libération, ce collectif apporte également son soutien à l’actrice Adèle Haenel, qui avait officialisé il y a une semaine son « arrêt du cinéma » pour dénoncer la « complaisance » du 7e art vis-à-vis des agresseurs sexuels.
« Nous sommes profondément indigné·e·s et refusons de garder le silence face aux positionnements politiques affichés par le Festival de Cannes », disent les signataires.
« En déroulant le tapis rouge aux hommes et aux femmes qui agressent, le Festival envoie le message que dans notre pays nous pouvons continuer d’exercer des violences en toute impunité, que la violence est acceptable dans les lieux de création », déplorent-ils, reprochant au cinéma français d’avoir « intégré un système dysfonctionnel qui broie et anéantit », un « système basé sur les principes de domination et de silenciation ».
« Un milieu toxique au point de vouloir le quitter »
« Lorsque nous avons le courage de parler ou demander de l’aide, nous nous entendons trop souvent dire : “Tais-toi s’il te plaît, pour la vie du film”. Il arrive même que des producteur·ices soient prêt·es à acheter notre silence. »
Evoquant la décision d’Adèle Haenel, les signataires s’indignent du fait « que ce milieu soit toxique au point de vouloir le quitter totalement. Nous profitons de cette tribune pour dire avec elle : “LA HONTE “ ».
Parmi les signataires figurent la comédienne Ophélie Bau, une des stars du sulfureux Mektoub, My Love : Intermezzo, d’Abdellatif Kechiche, qui estime que son contrat n’avait pas été respecté concernant l’utilisation d’une scène de sexe oral non simulée entre elle et Roméo de Lacour.
La 76e édition du plus grand festival de cinéma au monde est marquée par le retour de Johnny Depp dans le film d’ouverture Jeanne du Barry, après sa mise à l’écart des plateaux d’Hollywood, ces dernières années, à la suite des accusations de violences conjugales de son ex-compagne Amber Heard. La réalisatrice du film, Maïwenn, fait elle-même face à une plainte judiciaire, pour avoir récemment agressé le patron de Mediapart, Edwy Plenel, dans un restaurant.
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde