Violences racistes à Bordeaux : des membres de la mouvance nationaliste condamnés à de la prison ferme

May 16, 2023
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Huit prévenus proches de l'ultra-droite ont été condamnés mardi à de la prison ferme pour des faits de «violences aggravées à caractère raciste» et «outrage sexiste» commis en juin dans le centre de Bordeaux.

Huit personnes proches de l'ultra-droite ont été condamnées mardi à de la prison ferme pour des faits de violences aggravées à caractère raciste et outrage sexiste commis une nuit de juin dans un quartier populaire du centre de Bordeaux.

Habillés de noir ou en treillis, visages masqués et gazeuse en main pour certains, ils avaient parcouru le 25 juin 2022 vers 2h, «au retour d'une soirée festive entre copains» selon eux, les rues du quartier Saint-Michel, connu pour sa mixité ethnique et sociale. Selon des images diffusées à l'audience, ils avaient notamment crié des slogans nationalistes, effectué des cris de singes et des saluts nazis, qu'ils ont contestés, et participé à une bagarre rangée avec des jeunes du quartier. Certains étaient membres du groupuscule Bordeaux nationaliste, dissous en février.

Sept d'entre eux, tous absents au prononcé du jugement, comme leurs avocats, ont été condamnés à deux ans de prison dont un avec sursis. Le dernier, présent mardi, a écopé de 18 mois de prison dont 12 avec sursis. Le tribunal a suivi de près les réquisitions de la vice-procureure qui avait évoqué, fin mars à l'audience, une «véritable expédition punitive». Ils purgeront leur peine sous surveillance électronique et devront payer une amende de 800 euros pour outrage sexiste.

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«Des idées qui peuvent déranger»

À l'audience, ces hommes âgés de 19 à 38 ans, résidant dans la métropole bordelaise ou sur la côte basque, pour la plupart ouvriers ou apprentis avec un casier judiciaire vierge, avaient nié le caractère nazi de saluts effectués bras tendu, parlant de «salut romain» ou de gestes «d'ultras de foot», comme les cris de singe, évoquant des «cris de Spartiates».

Un prévenu avait reconnu «des idées qui peuvent déranger», un autre s'était dit proche de celles du Rassemblement National et un troisième, croix tatouée à l'arrière de son crâne rasé, avait dit refuser la «disparition de la culture européenne» et dénoncé «la racaillisation» de la France. À la dernière élection présidentielle, il avait été «emballé par le candidat Zemmour». Les mis en cause avaient dit ignorer que le salut de Kühnen, à trois doigts, comme certains l'effectuent sur une photo de groupe prise le soir même devant un bar antifa, est considéré comme une référence au IIIe Reich. «C'est famille, patrie et un 3e truc», s'était défendu l'un d'eux.

Mettant les débordements sur le compte d'une «soirée trop arrosée», ils avaient réfuté être venus «pour provoquer». Selon le prévenu le moins lourdement condamné, les autres qualifiaient chaque personne de couleur de «singe» et «leurs insultes tournaient aussi autour des homos».

Deux des prévenus ont comparu devant le même tribunal en avril pour avoir, avec sept autres personnes, déployé une banderole anti-LGBT au passage de la Marche des fiertés et insulté des participants, le 12 juin dernier à Bordeaux. Le jugement est attendu le 26 mai.

La mouvance nationaliste bordelaise est soupçonnée d'avoir tagué des bâtiments de plusieurs associations, mosquées et permanences de parlementaires ces derniers mois, et d'avoir perturbé une conférence de deux députés LFI à l'université Bordeaux-Montaigne.

Source: Le Figaro