Les leaders du G7 en quête d'alliés contre la Russie
Par Richard Hiault
Publié le 17 mai 2023 à 7:22
Resserrer les rangs tout en élargissant le cercle. Telle est la délicate équation à laquelle les dirigeants des pays du G7, réunis de vendredi à dimanche à Hiroshima, devront répondre. La liste des invités externes - les Premiers ministres indien, brésilien, indonésien et australien notamment - témoigne de cette volonté des pays industrialisés d'établir avant tout un front commun contre la Russie et dans une moindre mesure la Chine.
Quinze mois après l'invasion de l'Ukraine, les leaders du G7 entendent s'assurer que les sanctions occidentales contre la Russie ne sont pas contournées. C'est « un champ d'action qu'il faut explorer pour ne pas permettre que les sanctions que nous prenons, qui ont un coût pour nos économies, ne soient pas simplement contournées au bénéfice d'autres », indique-t-on à l'Elysée.
Nouvelles sanctions
Il est par ailleurs prévu, à l'issue du sommet, un renforcement des sanctions avec des mesures contre le secteur énergétique russe et les exportations permettant à Moscou de financer son offensive en Ukraine. Washington, de son côté, souhaiterait interdire toutes les exportations destinées à certains départements de l'armée russe. Mais l'idée américaine d'une interdiction totale d'échanges commerciaux avec la Russie n'a aucune chance d'aboutir à Hiroshima.
Face au comportement des autorités chinoises, que ce soit dans le domaine diplomatique où l'attitude concernant le conflit en Ukraine est ambiguë ou dans le domaine économique avec sa politique de coercition , les leaders du G7 sont loin d'avoir une réponse unanime.
L'idée n'est pas de découpler les économies mais de moins dépendre de Pékin. « Nous recherchons une approche multidimensionnelle de nos relations économiques avec la Chine », a souligné lundi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Mais « cette approche se caractérise par une réduction des risques et non par un découplage », a-t-elle assuré.
Place à la diversification
La mise en place d'un « club des matières premières », déjà évoquée l'an passé lorsque l'Allemagne présidait le G7, devrait encore être abordée. Ce « club », qui pourrait regrouper les membres du G7 et les pays riches en matières premières, éviterait notamment que toutes ces matières premières soient expédiées en Chine. L'objectif serait d'abord de les transformer dans leurs pays d'origine pour y créer de la valeur ajoutée.
Réunis une semaine plus tôt à Niigata, les ministres des Finances du G7 ont notamment décidé de mettre en place d'ici fin 2023 « au plus tard » un nouveau mécanisme pour diversifier les chaînes d'approvisionnement mondiales.
Baptisé RISE (Resilient and Inclusive Supply-chain Enhancement), le système combinerait aides financières, échanges de savoir-faire et partenariats pour les pays à faibles ou moyens revenus pour les insérer dans les chaînes de valeur. Les pays extracteurs et exportateurs de matières premières pour l'industrie pourraient les transformer localement. Cette approche aurait aussi le mérite de répondre en partie aux difficultés des pays du Sud dans leur intégration internationale.
Paris en ligne de mire
A Hiroshima, les leaders du G7 se pencheront aussi sur le développement et la coopération avec les pays les plus fragiles. Ils auront en ligne de mire la tenue d'un autre sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui se tient à Paris les 23 et 24 juin. Il « devra permettre d'avoir un choc de financement au bénéfice de tous les pays du Sud, afin qu'ils puissent à la fois sortir de la pauvreté, financer leurs conditions climatiques, protéger leur biodiversité, résoudre aussi leurs problèmes de sécurité pour ceux qui sont les plus affectés par ces problèmes », soulignait-on lundi à l'Elysée.
Au total, pas moins de cinq déclarations sont prévues à l'issue de ce sommet du G7 : sur les matières premières, le soutien à l'Ukraine, le désarmement nucléaire, la transition énergétique et la sécurité alimentaire.
Source: Les Échos