Les syndicats reprennent le dialogue avec le gouvernement mais maintiennent la pression sur les retraites

May 17, 2023
393 views

Frédéric Souillot, secrétaire général de Force ouvrière, dans la cour de Matignon, le 16 mai 2023. CYRIL BITTON POUR « LE MONDE »

Ils ne lâchent rien sur les retraites mais acceptent désormais d’aborder d’autres sujets. Mardi 16 et mercredi 17 mai, les responsables des cinq principaux syndicats ont, sans le claironner, ouvert un nouveau chapitre dans leurs rapports avec l’exécutif. Reçus à tour de rôle par la première ministre, Elisabeth Borne, ils ont redit à leur interlocutrice tout le mal qu’ils pensaient du recul à 64 ans de l’âge légal de départ, tout en exposant par le menu leurs revendications sur diverses thématiques – les salaires, en premier lieu. C’était « une reprise de contacts », selon le mot de François Hommeril, le président de la CFE-CGC. Pour qu’elle soit durable, les leaders confédéraux ont posé leurs conditions : ils veulent de vraies avancées en faveur des travailleurs et du respect de la part du pouvoir en place.

Les protagonistes partent de « loin », comme l’a souligné Laurent Berger, en s’adressant aux journalistes dans la cour de l’hôtel de Matignon, à l’issue de son rendez-vous avec la cheffe du gouvernement, qui était flanquée d’Olivier Dussopt, le ministre du travail. « On vient de vivre six mois d’une forme de mépris à l’égard du dialogue social, des organisations syndicales », a déclaré le secrétaire général de la CFDT en faisant allusion à la préparation de la réforme des retraites puis à son adoption au forceps, envers et contre l’opinion. Il y avait donc du « ressentiment » dans l’air, selon M. Berger, quand l’échange avec Mme Borne a débuté. « Je lui ai redit (…) : nous n’avons plus confiance, a relaté M. Hommeril. Nous avons été trahis, d’une certaine façon, à l’occasion de la crise sur les retraites. » De là à s’affronter sous les ors de Matignon, il y a, bien sûr, un pas. « On ne s’est pas jeté nos verres d’eau (…) à la figure », a précisé Frédéric Souillot, le numéro un de FO : « C’était une discussion ferme, de chaque côté de la table. »

« Nous n’avons pas baissé les armes »

Tous les syndicalistes affirment avoir démarré leur prise de parole, face à la première ministre, en exprimant, à nouveau, leur hostilité au report de l’âge d’ouverture des droits à une pension. « J’ai rappelé en introduction que nous n’avions pas baissé les armes », a expliqué M. Hommeril. « Le fait de venir à cette réunion n’est pas un gage que l’on tourne la page », a renchéri son homologue de la CFTC, Cyril Chabanier.

Pour prouver que la lutte reste toujours d’actualité, les invités de la locataire de Matignon ont mentionné deux rendez-vous importants : la quatorzième journée de mobilisation contre les 64 ans, qui aura lieu le 6 juin, suivie – quarante-huit heures après – de l’examen à l’Assemblée nationale d’une proposition de loi du groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (LIOT), qui entend abroger la réforme des retraites. Un texte que l’ensemble des confédérations soutiennent. S’il n’était pas examiné, « [ce] serait inacceptable », a prévenu M. Berger, en évoquant, en filigrane, le débat en cours sur la recevabilité de cette proposition de loi, qui est sujette à caution pour l’exécutif et sa majorité : le chef de la centrale cédétiste y voit des « manœuvres » qui ne feraient que renforcer le « sentiment de mépris » si elles aboutissaient à bloquer l’initiative des élus LIOT.

Il vous reste 52.37% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source: Le Monde