Après l’agression de Jean-Baptiste Trogneux, le procès renvoyé et les prévenus placés en détention provisoire

May 17, 2023
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La chocolaterie de Jean-Baptiste Trogneux à Amiens. DENIS CHARLET / AFP

Une question logistique occupe quelques minutes le personnel du tribunal d’Amiens, mercredi 17 mai en début d’après-midi : faut-il déplacer dans la grande salle d’assises l’audience de comparution immédiate des trois hommes jugés pour l’agression de Jean-Baptiste Trogneux ? Finalement, l’affluence n’est pas si énorme que la médiatisation de l’affaire a pu le laisser prévoir, et la classique « salle 105 » suffira bien.

Ils sont trois sur le banc des prévenus, jugés pour « violence en réunion suivie d’incapacité n’excédant pas huit jours », tous en récidive. Ils sont accusés d’avoir passé à tabac M. Trogneux, le petit-neveu de Brigitte Macron, elle-même l’épouse du chef de l’Etat, le 15 mai à Amiens dans le cadre d’une manifestation non déclarée.

Patron d’une fameuse chocolaterie, la victime, 30 ans, souffre notamment « d’une ou deux côtes cassées », de « doigts foulés » et « présentait au scanner un hématome », selon son père Jean-Alexandre − qui était présent à l’audience − cité par l’Agence France-Presse. D’après lui, les agresseurs ont injurié « le président, son épouse et [sa] famille ». Les faits ont eu lieu peu après l’entretien d’Emmanuel Macron au « 20 heures » de TF1, en marge d’une « casserolade » contre la réforme des retraites, et ont suscité une vague d’indignation parmi les responsables politiques.

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« Roué de coups simplement en raison du nom qu’il porte »

Au tribunal d’Amiens, mercredi, les débats ont tourné court, les prévenus ayant demandé le renvoi de leur procès le temps de préparer leur défense. Le ministère public a requis et obtenu qu’ils soient placés d’ici là en détention provisoire. Aucun d’eux ne s’est exprimé sur les faits. Tous trois sont défavorablement connus de la justice, notamment Yoan L., 35 ans, pour violation de domicile, violence sur conjoint ou ex-conjoint, menaces de mort ; et Florian C., 20 ans, pour menaces ainsi que pour viol et agression sexuelle sur mineur de 15 ans.

« Affaire de la honte », attaque le procureur Jean-Philippe Vicentini, pour qui « dans la démocratie on doit parler, on ne peut pas cogner ». Il évoque « un chef d’entreprise roué de coups simplement en raison du nom qu’il porte », confronté à « une trentaine d’individus qui n’avaient pas eu leur quota d’adrénaline ». Et d’évoquer le couteau de « vingt-et-un centimètres » que portait l’un des prévenus.

Le magistrat étend sa diatribe aux commentateurs qui ont moqué le placement du commerce de M. Trogneux sous protection policière : les faits, selon lui, ont donné raison à cette précaution − et d’espérer que « ceux qui l’ont critiquée ont du mal à trouver le sommeil ». Au passage, le procureur, installé depuis janvier seulement, profite de l’audience pour marquer son territoire, martelant qu’avec lui « la loi s’appliquera dans ce département partout et pour tous ».

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Source: Le Monde