Stéphane Boujnah, un europhile à la tête d'Euronext

May 17, 2023
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Ancien banquier d'affaires, ex-membre du Parti socialiste, résolument europhile et féru d'histoire, le patron d'Euronext Stéphane Boujnah vient d'être reconduit à la tête de l'opérateur boursier, poursuivant son projet de construire une Europe de la Bourse.

A son arrivée à la tête d'Euronext fin 2015, la structure qui chapeautait alors la Bourse de Paris, Amsterdam, Bruxelles et Lisbonne, ne pesait pas lourd à côté des forteresses Deutsche Börse et London Stock Exchange.

Euronext venait d'être introduit en Bourse (2014) tout en retrouvant son indépendance et une identité exclusivement européenne, après sept ans de mainmise américaine.

Sous le mandat de M. Boujnah, la société a changé d'échelle avec l'intégration de la Bourse de Dublin (2018), d'Oslo (2019) et de Milan (2021), fédérant sept places de marché.

"Euronext est devenue la colonne vertébrale de l'Union des marchés de capitaux", explique à l'AFP M. Boujnah. Ce projet encore inachevé de circulation des investissements et de l'épargne dans toute l'Union européenne est au centre de ses ambitions.

L'opérateur boursier allemand "Deutsche Börse ou Euronext ont un rôle particulier, celui de contribuer à l'autonomie stratégique de l'Union européenne" selon lui.

Un quart des actions échangées en Europe a lieu sur les places financières d'Euronext, qui comptabilise deux fois plus de volumes d'échanges que la Bourse de Londres, selon l'entreprise.

- "Une machine à acquisitions" -

Stéphane Boujnah "a fait d'Euronext une +M&A machine+ (machine à fusions et acquisitions, ndlr)", "une petite Europe en soi" avec son modèle fédéral, décrit à l'AFP l'homme d'affaires Matthieu Pigasse.

Celui avec qui il a partagé un bureau au cabinet du ministre de l'Economie dans les années 1997-99, est "extrêmement attachant, très cultivé et loyal", "un peu provocateur parfois" et "très attaché à la méritocratie républicaine".

Euronext a également diversifié ses sources de revenus et fait évoluer ses produits pour s'inscrire dans la mutation technologique et environnementale de l'économie.

Depuis son introduction en Bourse, sa capitalisation a plus que quintuplé et dépasse les 7 milliards d'euros.

Avant de rejoindre Euronext, cet ancien avocat d'affaires chez Freshfields avait exercé de hautes responsabilités chez Santander après Deutsche Bank (2005-2010), et Credit Suisse First Boston TG (2000-2002).

Loin du métier d'archéologue dont il rêvait petit.

- Méritocratie -

Né à Albertville (Savoie) en 1964 d'une mère institutrice et d'un père ouvrier, tunisien naturalisé français dix ans plus tard, il dit avoir "grandi entre un pack de bières et une table en formica" avec l'"obsession d'être fort à l'école et de travailler beaucoup".

"Si je n'avais pas eu ces professeurs de lettres classiques qui m'avaient poussé vers la littérature, l'histoire, la philosophie ou les langues antiques, je serais devenu livreur de pizzas", assure ce diplômé de droit/SciencesPo/Insead, voix chaude et stature imposante.

Avec ses équipes, il assume d'être exigeant et cite une maxime tirée de "La guerre du Péloponnèse" de l'historien Thucydide, pour illustrer ses convictions: "Se reposer ou rester libre, il faut choisir".

"Le vrai accélérateur" de sa vie professionnelle, il l'attribue à son expérience de plus de deux ans au cabinet de Dominique Strauss-Kahn, alors ministre de l'Economie. Il côtoyait alors de futures grandes figures du milieu économique comme Philippe Grangeon, Jean Pisany-Ferry, ou François Villeroy de Galhau.

"L'action publique m'intéresse", glisse celui qui est également vice-président du centre de réflexion progressiste En Temps Réel, qui a été membre du parti socialiste jusqu'en 2013, co-fondateur de SOS Racisme aux côtés de Julien Dray et Harlem Désir. Et membre de la Commission pour la libération de la croissance française établie en 2007 par le président de droite de l'époque, Nicolas Sarkozy.

"Chaque fois que je vais faire une opération dans un pays, je passe d'abord au musée local", affirme celui qui n'hésite pas à placer des références historiques et philosophiques au milieu d'une pensée économique.

Remarié à Hélène Roques avec laquelle il a deux jumelles adolescentes et père de deux autres enfants majeurs, M. Boujnah a vécu un an en famille à Amsterdam, où est enregistré le groupe qui siège à La Défense. Il "adore aussi passer du temps en Scandinavie" mais "l'intime, c'est la Méditerranée", notamment sa petite enfance à Sfax (Tunisie).

Source: Actu Orange