Disparition de Philippe de Dieuleveult : un de ses fils dénonce un documentaire "orienté", le réalisateur lui répond

May 18, 2023
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Pour la première fois, le réalisateur du documentaire, Yannick Saillet, et Tugdual de Dieuleveult, l’un des fils de l’animateur disparu au Zaïre en 1985 dans des circonstances inexpliquées, ont accepté de débattre sur franceinfo. Ils sont les invités d'Info médias.

Un documentaire qui fait polémique. France 2 diffuse jeudi 18 mai "Dieuleveult, les disparus du fleuve", une enquête sur la disparition inexpliquée en 1985 de l'aventurier Philippe de Dieuleveult lors d'une expédition en Afrique. "On n'apprend toujours rien dans ce documentaire. Il n'y a pas de preuve, de rien. C'est basé uniquement sur des ressentis", dénonce Tugdual de Dieuleveult, l’un des fils de cet animateur vedette des années 80, qui a notamment incarné le jeu télévisé "La Chasse au trésor".

Après la disparition mystérieuse de Philippe de Dieuleveult et de ses six camarades d'expédition en 1985, lors de la descente en raft du fleuve Zaïre, les Dieuleveult se sont déchirés. D'un côté, les frères, plutôt partisans de la thèse d'un assassinat de l'équipage commandité par le régime de Mobutu, président à l'époque du Zaïre (actuelle République démocratique du Congo). De l'autre, ses enfants qui, eux, ne penchent vers aucune thèse (noyade accidentelle, bavure militaire ou exécution) et refusent les théories sans preuve. C'est une enquête extrêmement compliquée puisqu'un seul corps a été retrouvé dans le fleuve Zaïre, celui de Guy Colette. 38 ans plus tard, on ne sait toujours pas ce qui est arrivé aux occupants des deux canots pneumatiques.

La co-autrice mise en cause par les enfants de Dieuleveult

Les trois enfants de Philippe de Dieuleveult, qui ont refusé de participer au documentaire "Dieuleveult, les disparus du fleuve", dénoncent le choix d'Anna Miquel comme co-autrice. En 2008, cette dernière avait publié une enquête dans la revue XXI, défendant la piste de l'assassinat par les services secrets zaïrois. Or, l'un des documents sur lesquels elle s'appuyait, un PV d'interrogatoire de Philippe de Dieuleveult, s'est avéré être un faux. Elle est aussi accusée d'avoir payé pour obtenir ce document. Une pratique contraire à la déontologie journalistique. "Il faut être sérieux, on ne peut pas redonner la parole à quelqu'un qui s'est déjà fait pincer pour des fake news", alerte Tugdual de Dieuleveult.

Yannick Saillet, le réalisateur du documentaire, défend le travail d'Anna Miquel et estime qu'elle est "légitime" sur cette affaire. "Elle a fait une enquête de cinq ans", explique-t-il, et elle a remis les pièces à la justice française. "La justice a trouvé qu'une pièce posait problème. Mais à aucun moment, la justice n'a remis en cause ses cinq ans de travail et les autres documents présentés." Ce fameux faux document n'est pas du tout exploité dans le documentaire.

Tugdual de Dieuleveult estime pourtant que le documentaire est "clairement orienté" et qu'il laisse penser qu'il s'agit bien d'un assassinat. Deux témoignages le heurtent particulièrement. "Des témoins à moitié anonymes affirment que mon père s'est fait torturer. Personne n'accepterait que l'on parle de ses parents comme ça, et que quelqu'un, sur la base de rien, dise que son père a été torturé. Je trouve ça très grave."

Yannick Saillet estime que le documentaire a "donné la parole à tous les témoins". Il affirme avoir voulu "éclairer les parts d'ombre". France Télévisions a choisi de diffuser le documentaire et soutient le travail journalistique des auteurs. Tous les témoins de l'époque sont présents, les trois thèses sont avancées et le fameux faux document n'est pas du tout exploité. "On a repris l'enquête à zéro", assure le réalisateur Yannick Saillet sur franceinfo.

Source: franceinfo