Télécoms : vague de licenciements massifs chez les opérateurs britanniques

May 18, 2023
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Les bureaux de BT à Singapour, en janvier 2019. ROSLAN RAHMAN / AFP

C’est une semaine noire pour les salariés de l’industrie des télécoms au Royaume-Uni. Jeudi 18 mai, BT Group, l’opérateur historique du pays, a annoncé vouloir supprimer entre 40 000 et 55 000 emplois d’ici à 2030, y compris chez les sous-traitants. Cela représente jusqu’à 42 % de ses effectifs actuels. BT emploie environ 130 000 personnes, dont 30 000 issus de sous-traitants.

Ce plan de départ est le plus important annoncé par l’opérateur depuis sa privatisation et l’ouverture à la concurrence du secteur en 1981. Deux jours plus tôt, le 16 mai, son concurrent Vodafone avait dévoilé un plan d’économies entraînant 11 000 suppressions d’emplois sur trois ans, sur un total d’environ 100 000 salariés actuellement.

A regarder ses résultats 2022-2023, publiés en même temps que l’annonce du plan de départ, BT ne va pas si mal que ça. Lors de l’exercice 2022-2023 (arrêté au 31 mars), BT a dégagé une marge brute d’exploitation de 39 %, 7 points de plus que son concurrent britannique Vodafone et 9 points de plus qu’Orange, l’opérateur historique français.

Remplacés par des applications utilisant l’IA

« Au cours des quatre dernières années, nous nous sommes fermement tenus à notre stratégie et cela fonctionne », reconnaît même Philip Jansen, le directeur général de l’opérateur qui se félicite que le groupe ait « augmenté le chiffre d’affaires pro forma et le résultat brut d’exploitation (Ebitda) pour la première fois en six ans ». BT avait engagé en avril 2020 un plan de réduction des coûts : 2,1 milliards de livres (2,4 milliards d’euros) d’économies ont déjà été réalisées, pour un objectif de 3 milliards.

Mais, selon le dirigeant, aux commandes de BT depuis février 2019, la fin prochaine du plan de transformation du réseau fixe, passé du cuivre vers la fibre optique, exigera moins de main-d’œuvre à l’avenir. Autre explication avancée par Philip Jansen : « Chaque fois qu’il y a de nouvelles technologies, il peut y avoir de grands changements. »

Il pense notamment aux perspectives offertes par les outils d’intelligence artificielle (IA) générative comme ChatGPT. Dix mille des emplois supprimés pourraient être remplacés par des applications utilisant l’IA, a indiqué le directeur général. C’est pour cela, selon lui, qu’il faut « adapter la structure de coûts et améliorer la productivité ». Avant BT, aucun autre grand opérateur télécoms européens n’avait avancé ces arguments pour justifier un plan de transformation de cette ampleur. Chez Vodafone, les 11 000 suppressions de postes répondaient avant tout à une logique d’économies.

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Source: Le Monde