Qui est Symbio, le nouveau partenaire "hydrogène" de Stellantis ?
C'est désormais officiel : après quelques mois de négociations, Michelin et Stellantis entrent au capital de la société lyonnaise Symbio, spécialisée dans les piles à combustible.
Symbio (autrefois Symbio FCell) franchit un cap. La société française, fondée en 2010, voit arriver un nouvel actionnaire majeur à son capital. Détenue jusqu'ici à 50/50 par Michelin et Faurecia, Symbio reçoit l'appui financier de Stellantis qui y voit une opportunité de plus. Désormais, chacun dispose d'un tiers de Symbio. Mais Symbio n'est pas étranger à Stellantis : l'entreprise basée à Vénissieux fournit les PAC (pile à combustible) à Peugeot, Citroën et Opel pour leurs utilitaires à hydrogène depuis plusieurs années.
Une suite logique, donc, pour Stellantis qui investit par ailleurs dans un écosystème bien plus large.
Symbio prévoit de produire chaque année 50 000 piles à combustible d’ici 2025, notamment grâce à sa gigafactory dernière génération de Saint-Fons, dont le démarrage est prévu pour le deuxième semestre 2023.
Symbio traite en effet directement avec le très gros équipementier allemand Schaeffler pour la production d'une partie des PAC. Les deux ont même créé une co-entreprise, baptisée Innoplate, qui accouchera d'une usine de production à Haguenau en France. Objectif : produire 50 millions de plaques bipolaires par an pour le monde entier à partir de 2030. Des plaques indispensables dans les piles à combustible puisqu'elles décomposent l'hydrogène pour produire de l'électricité. Elles font également l'objet d'intenses recherches, notamment pour tenter de remplacer le matériau aujourd'hui utilisé (le carbone, ou graphite) par d'autres métaux moins coûteux. Symbio et Schaeffler travaillent justement sur le sujet. Actuellement, les plaques bipolaires en carbone représentent 30 % du poids de la PAC et surtout 70 % de son coût. Et elles sont un des principaux freins à l'allongement de la durée de vie d'une PAC.
Carburant hydrogène : l'idée d'une société française pourrait-elle changer la donne ?
Un pari risqué ?
#Stellantis prend une participation à parts égales avec @Faurecia et @Michelin dans @SymbioFCell, leader de la mobilité #hydrogène zéro émission. L'entrée de Stellantis au capital permettra à #Symbio de renforcer sa présence en Europe et aux États-Unis : https://t.co/b0zag47APH pic.twitter.com/exGXQHTF1e — Stellantis France (@StellantisFR) 16 mai 2023
Chez Symbio, l'arrivée de Stellantis est une bonne nouvelle et un signe positif sur le potentiel du marché. Mais pour Symbio, le pari est tout de même assez risqué. D'abord parce que le marché du véhicule à hydrogène peine à décoller et que la production de ce carburant reste très polluante. Pour la rendre "verte", il faudrait d'énormes capacités de production d'électricité renouvelable. Et l'on sait à quel point ces sources peuvent être capricieuses, à l'inverse d'un nucléaire piloté. Bon nombre de constructeurs vont donc préférer les batteries à une pile à combustible, d'autant plus que les véhicules à hydrogène ont de toute façon besoin d'une batterie "tampon".
Et puis, il y a la concurrence. Rien qu'en France, il y a de la rivalité avec d'autres entreprises telles que HYCCO qui oeuvrent dans le même domaine. Cela commence à faire du monde pour un marché encore inexistant : l'activité de Symbio et les investissements consentis jusqu'ici sont quasiment des chèques en blanc, en attendant une hypothétique montée en puissance de ce carburant du futur. Qui devrait avant tout concerner les camions, utilitaires et pourquoi pas un jour l'aviation et le maritime. Mais pour l'heure, nous n'y sommes pas.
Surtout, Symbio et les autres sociétés européennes travaillant sur les PAC ont du retard sur les Japonais qui produisent ces piles depuis belle lurette. Les premières japonaise à hydrogène remontent au début des années 2000. Et ils ont une réelle avance technologique, avec la participation des grands équipementiers nippons qui travaillent en étroite collaboration avec les constructeurs.
Source: L'Automobile Magazine