Le fils de Philippe de Dieuleveult fustige le documentaire de France 2 dans une tribune

May 18, 2023
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« Ce film que l’on présente comme une enquête journalistique sur la mort de ces sept aventuriers et qui s’apprête à être diffusé sur France 2 est bâti de bout en bout sur des impressions, des supputations, des ressentis ». Dans une tribune envoyée à Ouest-France, Tugdual de Dieuleveult, le fils de l’ancien animateur de La Chasse aux trésors, condamne fermement le documentaire Dieuleveult, les disparus du fleuve, diffusé ce jeudi 18 mai sur France 2 .

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Ce documentaire vise à revenir sur la disparition du célèbre animateur et de six autres personnes le 6 août 1985, lors d’une expédition en rafting sur le tumultueux fleuve Zaïre, désormais appelé le fleuve Congo. Alors que les disparus ont officiellement été déclarés noyés, les co-auteurs, Anna Miquel et Yannick Saillet, explorent d’autres hypothèses, « des thèses complotistes » selon Tugdual de Dieuleveult, également journaliste. Parmi elles, leur assassinat par le régime de Mobutu Sese Seko, alors dictateur du Zaïre (ancienne République démocratique du Congo) sur fond de collaboration de l’homme de télévision avec la DGSE ou encore une bavure militaire commise par les autorités zaïroises à proximité du barrage d’Inga, un lieu hautement stratégique entre le Zaïre et l’Angola.

« Aucune preuve, zéro. Aucun fait nouveau »

Des théories auxquelles adhérent le cousin de Tugdual de Dieuleveult, Alexis. Ce dernier avait d’ailleurs demandé, en février 2023, au parquet de Paris de rouvrir l’enquête sur la plainte pour « homicide involontaire » contre X initialement déposée par son père, le frère de l’animateur, en 1995. Le 12 mai dernier, le parquet a rejeté cette demande. « Nous imaginons que le parquet a dû estimer qu’il n’y avait pas assez d’éléments concrets », avait réagi les enfants du disparu auprès de l’AFP.

Comme ils « s’indignaient » de la demande de leur cousin auprès de la justice, les enfants se scandalisent cette fois face à ce documentaire co-produit par Gaumont Télévision et France Télévisions, « un ovni télévisuel ». « Aucune preuve, zéro. Aucun fait nouveau. Journalistiquement c’est le néant absolu. Déontologiquement, une aberration », écrivent dans une tribune Tugdual de Dieuleveult et Jérôme Pin, journaliste avec qui le fils a réalisé un documentaire Canal + sur cette disparition mystérieuse.

Ils dénoncent notamment les méthodes de la co-autrice du documentaire Anna Miquel qui avait déjà publié une enquête à ce sujet, Les Crocodiles Du Zaïre, en 2008 dans la revue XXI. Dans cet article, elle affirmait que Philippe de Dieuleveult a « en réalité été arrêté par les services de sécurité de Mobutu et assassiné ». Une révélation en partie basée sur un document que la journaliste aurait acheté 150 dollars et qui s’est avéré falsifié.

« Dix-sept ans plus tard, nous en sommes revenus au point de départ. Mais cette fois-ci, on passe au niveau supérieur. Il ne s’agit pas d’un article dans une revue mais d’un documentaire pour la télévision publique française. […] Sur les mêmes bases que l’article (faux), les mêmes délires infondés, le même mauvais scenario de série B, fulminent les deux auteurs de la tribune adressée à France 2. Pour le plus grand bien du buzz, de l’audimat et des conversations de café. »

Le réalisateur Yannick Saillet se défend

Les deux journalistes déplorent l’ombre que peut faire ce documentaire à leur profession : « Au final il y a neuf victimes dans cette affaire mystérieuse. Les sept membres d’Africa Raft, le journalisme et l’opinion publique. Aujourd’hui, personne ne sait ni n’a les moyens d’affirmer factuellement si Phillipe de Dieuleveult et ses compagnons sont morts noyés, assassinés ou victimes d’une bavure ». Ils ajoutent : « Tout ce que l’on sait désormais c’est que ce documentaire, lui, contribue à tuer un peu plus le sérieux que devrait entourer une enquête journalistique digne de ce nom. […] Il en va de la crédibilité de notre métier, du respect de l’information. »

Le réalisateur du documentaire Yannick Saillet s’est défendu ce jeudi 18 mai sur Franceinfo au micro de Célyne Baÿt-Darcourt, face à Tugdual de Dieuleveult : « Anna Miquel a fait une enquête de cinq ans sur cette affaire. […] La justice française a trouvé une pièce qui posait problème mais à aucun moment elle n’a remis en cause les cinq ans de travail. Je trouve qu’elle était légitime à partir du moment où ne parlait pas de cette pièce, qui n’est pas exploitée dans le documentaire. »

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Le co-auteur se défend d’avoir produit un film orienté. « J’ai donné la parole à tous les témoins qui ont vécu cette affaire », a-t-il affirmé. Il explique qu’il a rencontré « l’organisateur du raid » lors duquel l’animateur a perdu la vie, « un moment dramatique pour lui […] et il m’a dit qu’il y avait des parts d’ombre dans cette disparition. J’ai eu envie d’éclairer ces parts d’ombres ».

Source: Ouest-France