OM - Valentin Rongier, sur la polémique du maillot arc-en-ciel : "On ne leur demande pas de défiler à la Gay Pride..."

May 19, 2023
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Valentin Rongier a l'image du gentil garçon qui ne dit jamais un mot plus haut que l'autre. Mais derrière ses atours de gendre idéal se cache un homme qui n'hésite pas à s'exprimer. Il le faisait de façon remarquable dans l'exercice de ses fonctions, bien avant de porter le brassard de capitaine, venant souvent répondre aux médias après les matches, même après les défaites. Une denrée rare dans ce milieu. Et s'il a réussi à s'imposer comme un leader du vestiaire marseillais, ce qu'il était déjà malgré son jeune âge à Nantes, cela souligne sa force de caractère et de conviction. Au cours de l'entretien qu'il nous a donné, il n'a ainsi pas hésité à se positionner sur l'arbitrage (lire ci-dessous), mais aussi sur d'autres sujets de société qui ont engendré des polémiques ces dernières semaines. À l'image de la journée contre l'homophobie, durant laquelle tous les joueurs doivent porter un maillot floqué aux couleurs de l'arc-en-ciel. Les Marseillais l'ont fait sans rechigner contre Angers dimanche dernier. Mais certains, à Nantes ou à Toulouse, à Paris les saisons précédentes, n'ont pas daigné se plier à la règle édictée par la LFP pour lutter contre les discriminations à l'encontre de la communauté LGBT.

"C'est une situation très compliquée, remarque l'ancien Canari. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête de ces joueurs, l'éducation qu'ils ont reçue, savoir ce qu'on leur a mis dans la tête. Il faut prendre tout ça en compte. Mais je pense aussi que c'est un problème de communication. Il faut dire à ces joueurs que porter ce maillot n'est pas défiler à la Gay Pride. C'est juste pour dire qu'il faut combattre l'homophobie parce qu'il y a des injustices, des gens qui se font frapper, tuer parce qu'ils sont homosexuels et qu'en 2023, ce genre de situations ne doit plus arriver. C'est impossible. Il faut appuyer là-dessus, combattre ces injustices. Après, c'est difficile d'en parler sans créer de polémiques, relève le milieu de terrain. Je ne suis pas à même de donner mon avis. Mais dans le vestiaire, chez nous, il n'y a eu aucune discussion. On sait qu'il y a une journée par an pour la communauté LGBT. Être d'accord ou pas avec ça, c'est une chose, mais on ne demande pas aux joueurs de défiler dans la rue pour soutenir. C'est juste un maillot avec un flocage...", se désole Rongier.

Un joueur qui comprend que le football professionnel soit un vecteur de polémiques, une machine à buzz sans cesse alimentée, mais qui reste, aussi, un miroir de la société et de notre époque. "C'est normal. C'est un sport très populaire, mis en avant, diffusé par toutes les télévisions. Tout le monde regarde, les gamins, les anciens, forcément ça fait causer. J'aimerais qu'on en parle moins pour ces polémiques et plus pour le bonheur que ça donne aux gens", espère-t-il sans se faire trop d'illusions. Et tout en se tenant loin des réseaux sociaux, symboles de cette ère du commentaire : "Je poste quelques photos sur Instagram car je pense à ceux qui me suivent (230 000 followers, Ndlr), qui aiment bien voir le joueur mettre des photos, avoir l'impression de participer à notre vie. Mais je me tiens vraiment éloigné de tous les réseaux sociaux, je sais la haine qu'il y a et à quels points ça peut être nocif. Plus j'en suis éloigné, plus je suis tranquille", assure le numéro 21.

Idem pour les médias, dit-il dans un éclat de rires : "J'ai appris au fil du temps qu'un jour tu peux être un excellent joueur et pas forcément le lendemain. Au début, je regardais. Quand tu arrives à Marseille, tu prends une autre dimension, tu lis tout ce qui se dit sur toi. Mais au final, tu apprends à donner moins d'importance à tout ça pour se concentrer sur toi et tes performances."

Source: La Provence