Ubisoft entertain : UBS voit Ubisoft brûler du cash encore deux ans et passe à la vente sur le titre
(BFM Bourse) - La banque suisse a dégradé son conseil sur l'éditeur de jeux vidéo à la vente, doutant que le groupe puisse atteindre un résultat opérationnel-non IFRS d'environ 400 millions d'euros sur l'exercice en cours. La banque voit également "des risques" sur l'exécution des sorties de jeux et pense que le free cash-flow ne redeviendra positif que sur l'exercice clos en mars 2026.
Ubisoft fat face à un exercice 2023-2024, débuté le 1er avril, à grand risque. Les analystes sont divisés sur l'éditeur de jeux vidéo (10 le recommandent à l'achat, 10 sont à neutre, et 3 ont un conseil à la vente, selon le consensus d'investing.com). UBS, ce vendredi, s'est clairement rangé dans le camp des bureaux d'études les moins enthousiastes sur le titre.
La banque suisse a dégradé de deux crans son conseil, à "vendre", contre "acheter" précédemment, et a ramené à 20 euros son objectif de cours, contre 55 euros auparavant. A la Bourse de Paris, le titre Ubisoft tangue, cédant 2,3% vers 14h20, après avoir perdu plus de 5% dans la matinée.
Des risques sur les sorties de jeux
Ubisoft, qui a publié les résultats pour l'ensemble de son exercice 2022-2023 clos fin mars dernier, a brûlé plus de 400 millions de trésorerie sur cet exercice et accusé une perte opérationnelle IFRS de 500 millions d'euros. Mais la société compte redresser la barre sur l'exercice en cours en visant un résultat opérationnel non-IFRS positif, d'environ 400 millions d'euros. Ce grâce à un "pipeline" (un catalogue de sorties de jeux) extrêmement fourni, avec cinq gros titres, dont le prochain "Assassins Creed", l'adaptation en jeux vidéo de la franchise cinématographique "Avatar" ou encore "Skull and Bones", un jeu de piraterie qui avait été maintes fois repoussé.
La banque estime que ce "line-up" de jeux triple AAA s'avère ambitieux. Elle table sur 30 millions d'unités de ventes de jeux au total sur l'exercice en cours, ce qui en ferait l'exercice le plus important de l'histoire du groupe dans ce domaine. Mais UBS voit des risques sur la bonne exécution commerciale de ces sorties, d'autant que le contexte économique s'affaiblit au niveau des dépenses des consommateurs.
La banque estime par ailleurs que le résultat opérationnel d'Ubisoft, rebondira mais restera inférieur à la prévision de la société, pour s'établir à 375 millions d'euros en données non-IFRS, en raison d'un tassement de la marge brute et de hausses de dépenses de marketing.
Rendez-vous le 12 juin
UBS se montre également prudent sur la génération de trésorerie d'Ubisoft, soulignant que le free cash-flow a été négatif cinq fois au cours des dix derniers exercices fiscaux. La banque prévoit ainsi que la société brûlera encore de la trésorerie (en prenant comme référence le free cash-flow) sur les exercices clos en mars 2024 et mars 2025, avant de revenir dans le vert sur celui clos en mars 2026. Et ce à la condition que la société tienne ses promesses en matière d'économies (au moins 200 millions d'euros sur les deux prochaines années). Ubisoft n'a, de son côté, pas donné de prévision de génération de cash.
A voir donc si Ubisoft parviendra à déjouer ces pronostics sur l'exercice actuel, alors que son cours de Bourse évolue à des niveaux jugés attrayants par certains bureaux d'études, comme Credit Suisse, malgré les incertitudes.
L'éditeur de jeux vidéo tiendra le 12 juin sa conférence "Ubisoft Forward" de Los Angeles qui sera l'occasion de faire le point sur ses prochaines sorties. Un évènement qui sera, donc, âprement suivi par les gamers et les investisseurs qui d'ailleurs se confondent parfois.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse