Tour d'Italie 2023 - Aucune attaque, un tempo modéré… L’attentisme à son paroxysme
A force d’attendre la dernière semaine pour voir du spectacle sur les Grands Tours, il va falloir songer à les réduire à sept jours de course. On économisera des moyens et on évitera, peut-être, aussi, que les premières étapes ne soient amputées parce que le peloton n’a déjà plus d’énergie, éreinté qu’il soit par les conditions météorologiques apocalyptiques depuis le départ. Mais toutes les excuses du monde, tous les arguments auxquels on pourra penser, ne pourront justifier cette première quinzaine, où l’attentisme des leaders atteint des sommets que le Giro préfère escamoter.
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Même esseulé, Thomas n’a pas été attaqué
Giro Roglic s'inspire de Rocky pour "survivre" dans un Tour d'Italie apocalyptique HIER À 12:42
Déjà la saison dernière, le Tour d’Italie avait dû attendre la 20e et dernière étape pour assister à une vraie bagarre en montagne entre leaders, journée choisie par Jai Hindley et la Bora-Hansgrohe pour renverser Richard Carapaz. Vu le programme de la troisième semaine, on est en droit d’attendre d’assister à un peu plus de sport dans le Bondone (16e étape), à Val di Zoldo (18e) et surtout dans l’étape reine des Tre Cime di Laveredo (19e). Mais depuis le chrono inaugural de Ortona règne l’impression étouffante que les favoris n’en découdront que dans le Monte Lussari… lors de la 20e et avant dernière étape. Une attitude récurrente sur les Grands Tours récents décevante, encore confirmée ce vendredi à Crans-Montana.
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La 13e étape, réduite à 74,6 kilomètres en raison de la protestation des coureurs et des conditions météo (pour changer), avait pourtant tout pour offrir un grand spectacle : un format très court, un départ au pied d’un col, une arrivée au sommet, une descente périlleuse… Mais rien n’y a fait. Personne n’a rien osé sur les routes suisses, que ce soit dans la Croix de Cœur où le maillot rose Geraint Thomas n’avait pourtant plus que deux équipiers ou dans Crans-Montana, où les leaders ont purement et simplement escamoté les 13km à 7,2%. Une vraie déception mais qui peut malgré tout s’expliquer.
Des leaders au même profil, pas très offensifs
Comme le dit Geraint Thomas : "Personne ne veut du maillot rose". Sans aucune équipe véritablement apte à contrôler la course, INEOS Grenadiers n’étant plus que six et la Jumbo-Visma étant loin de l’armada de juillet, prendre le maillot rose relève plus du piège que d’une récompense ou d’une responsabilité prisée par les leaders. La dureté de la 3e semaine, rajoutée à la fatigue accumulée en raison de la pluie incessante, fait tellement peur que chacun préfère se réserver, quitte à laisser filer opportunité sur opportunité.
Geraint Thomas currently holds the maglia rosa. Crédit: Getty Images
Le profil également assez comparable des trois "favoris" encore en course (Thomas, Roglic et Almeida), tous des grimpeurs-rouleurs assez peu tournés vers l’offensive, pousse également à ce statu quo qui n’est favorable à personne mais qui convient bien à chacun, finalement. En espérant être le plus fort le jour où, enfin, l’audace sera de mise. Si tant est que cela finisse par arriver un jour, ce dont cette première moitié de Giro pourrait laisser craindre que cela n’arrive jamais. Même si, à un moment donné, il faudra bien essayer d’aller chercher le maillot rose. Avant qu’il ne soit trop tard.
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Source: Eurosport FR