Au G7, les pays émergents au centre de toutes les attentions

May 20, 2023
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Le premier ministre indien, Narendra Modi, et son homologue japonais, Fumio Kishida, lors de leur rencontre en marge du sommet du G7 à Hiroshima (Japon), le 20 mai 2023. JAPAN POOL / AFP-PH / JIJI PRESS

Leur présence a incité Volodymyr Zelensky à participer au sommet du G7, à Hiroshima : le chef de l’Etat ukrainien devait rencontrer, dimanche 21 mai, outre ses principaux alliés occidentaux, plusieurs personnalités à la tête de grands pays émergents qui refusent de soutenir son pays depuis l’invasion de la Russie. Parmi eux, trois figures majeures du Sud global, c’est-à-dire les pays en développements : le premier ministre indien, Narendra Modi, les présidents indonésien, Joko Widodo, et brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, ont été invités à la réunion des sept principales économies de la planète, elles-mêmes de plus en plus préoccupées par le fossé entre « l’Ouest et le reste » du monde que le retour de la guerre en Europe a révélé, puis creusé.

Soucieux d’élargir ses contacts au-delà de ses alliés occidentaux, le dirigeant ukrainien devait arriver samedi après-midi au Japon, à bord d’un avion officiel français. L’appareil a pris M. Zelensky en Pologne, pour l’emmener d’abord à Djedda, en Arabie saoudite, au sommet de la Ligue arabe, vendredi. Ce long voyage a été en partie préparé lors de son récent tête-à-tête à l’Elysée avec Emmanuel Macron, dimanche 14 mai, le chef de l’Etat français étant l’un des dirigeants occidentaux qui répète avec insistance son intention de bâtir des ponts entre le Nord et le Sud afin d’éviter la « fragmentation » de l’ordre mondial – et de préparer un éventuel « sommet pour la paix ». D’abord discrets, paraissant presque indifférents au conflit dans les premiers mois de la guerre, les pays émergents multiplient maintenant de leur côté les initiatives, comme pour tenter de s’interposer entre Moscou, Kiev et ses alliés occidentaux.

Invité surprise, M. Zelensky devait participer dimanche à Hiroshima à une réunion commune entre les membres du G7 et les pays tiers invités. La session, baptisée « paix et stabilité », devrait tourner largement autour du sort de l’Ukraine, près de quinze mois après le début de l’invasion russe. « L’important est d’établir le contact, pour arrimer ces pays sur des positions moins défavorables à l’Ukraine, dit une source proche du dossier. Tout le monde comprend la logique de ces efforts. Il s’agit aussi d’éviter que ces Etats basculent du côté de la Russie, en lui livrant des armes ; ce travail doit porter ses fruits en miroir du calendrier militaire. »

Lassitude des pays du Sud vis-à-vis de la guerre

En dépit de l’enlisement du conflit, les grands émergents refusent souvent de choisir leur camp, à l’instar des nombreux dirigeants de la Ligue arabe. Ils ont tous maintenu le contact avec la Russie de Vladimir Poutine, qu’ils ne sanctionnent pas, et ne l’ont bien souvent pas condamnée dans les enceintes onusiennes. La visite au G7 de M. Zelensky survient de surcroît au moment où les pays du Sud ne cachent pas leur lassitude vis-à-vis de la guerre, et appellent à une cessation des hostilités. « Il faut bien que l’on parle de paix, ce qui suppose d’être prêt à faire des compromis », dit un officiel brésilien. Qui défend la « neutralité » de son pays, capable de parler à la fois aux Ukrainiens et aux Russes.

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Source: Le Monde