Transporter et stocker l’hydrogène : déjà un défi pour les opérateurs gaziers
La plate-forme d’essais FenHYx, à Alfortville (Val-de-Marne), expérimente les effets de l’hydrogène sur des matériaux habitués au gaz fossile. NICOLAS KRIEF POUR « LE MONDE »
Voilà la machine de « torture ». Une machine de traction, de son nom exact. Elle « torture » de l’acier, comme l’explique un technicien à nos côtés. Le métal peut subir une forte pression de 100 bars. Pour les besoins de l’expérience, des éprouvettes contiennent des plaquettes, après découpe d’un grand tuyau.
La plate-forme d’essais FenHYx travaille à une renaissance. A l’intérieur d’une bâtisse en brique, à Alfortville (Val-de-Marne), il s’agit de vérifier que le matériau des canalisations du gaz fossile pourra servir plus tard au transport à grande échelle de l’hydrogène bas carbone, lequel se trouve encore au stade de l’hypothèse. Il faut y voir « une manière de trouver un relais de croissance, de nouvelles activités », selon Geoffroy Anger, responsable du développement hydrogène chez GRTgaz. Le principal gestionnaire du réseau de transport de gaz dans le pays a inauguré les locaux en novembre 2021.
« L’hydrogène, qui pourrait prendre une place croissante du mix énergétique français dans les années à venir, présente des interactions avec le système gazier, mais celles-ci ne doivent pas être surestimées », selon la Commission de régulation de l’énergie, dans un rapport sur l’avenir des infrastructures gazières publié en avril.
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Bien sûr, la fin du gaz fossile n’est pas pour demain, d’autant que les cours sont au plus bas depuis mi-2021. Pour autant, les gestionnaires européens se projettent déjà à l’horizon 2050. Au nom de la neutralité carbone, objectif visé sur le continent, il s’agirait alors de recycler leurs infrastructures.
Soit, principalement, pour des gaz renouvelables, par exemple à partir de déchets agricoles. Ce qui n’impliquerait pas de modification par rapport au gaz fossile, puisqu’il est question là aussi de méthane (CH 4 ). Soit pour de l’hydrogène (H 2 ) décarboné, qui n’en est encore qu’à ses prémices, grâce à des électrolyseurs à partir d’énergies renouvelables ou du nucléaire. L’industrie consomme déjà cette molécule, mais comme matière première, sous une forme polluante, par vaporeformage du gaz.
Adapter les stations de compression
GRTgaz prépare la conversion de 70 kilomètres entre la France et l’Allemagne, pour une mise en service commerciale espérée en 2027. A plus long terme, entre 2040 et 2050 selon M. Anger, l’entreprise espère un « réseau cible » de près de 4 000 kilomètres d’hydrogénoducs dans le pays. Des « artères nationales », afin d’alimenter de grands bassins industriels. Près de la moitié (« entre 1 500 et 2 000 kilomètres ») proviendrait de canalisations auparavant affectées au gaz. Sachant que le gestionnaire, détenu en majorité par le fournisseur gazier Engie (ex-GDF), dispose au total d’un réseau de 32 000 kilomètres.
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Source: Le Monde