Que va faire Emmanuel Macron en Mongolie ?

May 20, 2023
187 views

Jamais président français n’avait posé les pieds officiellement dans les steppes de Mongolie. Le pays de la Horde d’Or et de Gengis Khan ne figurait pas dans les priorités tricolores. Il faut croire que le chamboulement stratégique imposé par la guerre en Ukraine a changé la donne. Dimanche, donc, après la conférence de presse finale du G7 à Hiroshima, où l’Ukraine sera sur toutes les lèvres, Emmanuel Macron s’envolera pour Oulan-Bator pour y dîner avec le président Ukhnaa Khurelsukh, selon l’Élysée.

« Un sens tout particulier »

Cette visite de courte durée sera l’occasion de nouer des liens à la fois politiques, économiques et culturels pour le chef de l’État. En dehors du dîner officiel, Le président français va aussi visiter le musée Gengis Khan, grand conquérant mongol du XIIIe siècle, qui va prêter une partie de sa collection au musée d’histoire de Nantes pour une exposition prévue en octobre.

Il repartira pour Paris en fin de soirée. « Le fait que la Mongolie soit sur le chemin du retour nous permet de faire cette première historique en lui donnant un sens tout particulier », a-t-on expliqué dans l’entourage du président Macron. En revanche, pas de passage dans la steppe prévu pour poser sur un célèbre cheval de Przewalski.

L’enjeu géopolitique

Il y a un enjeu stratégique important dans le nouveau contexte géopolitique mondial. La présidence française a évoqué un « enjeu très important » sur le « plan géostratégique », qui s’inscrit dans la volonté de Paris de « desserrer la contrainte qui s’exerce sur les voisins de la Russie et leur ouvrir le choix de leurs options ».

« C’est une façon de montrer le soutien de la France au modèle démocratique mongol, d’affirmer qu’il est possible de suivre cette voie dans une région dominée par les régimes autoritaires », explique Antoine Maire, chercheur associé à la Fondation pour la Recherche stratégique au magazine Le Point. « La Mongolie est un pays enclavé entre la Russie et la Chine, mais aussi un pays qui a un modèle de gouvernement qui est libéral, qui tient des élections, qui a connu des alternances, et qui par ailleurs cherche à diversifier ses partenariats pour être plus robuste et pouvoir traiter dans de meilleures conditions avec ses grands voisins russe et chinois », toujours selon des sources élyséennes.

« Possibilités de coopération très importantes »

Sur le plan bilatéral, la France estime qu’il existe des « possibilités de coopération très importantes » puisque la Mongolie, « dépendante à 90 % du charbon pour son électricité », a un « problème » de « décarbonation de son économie ». Et pour cela, la Mongolie a besoin des investissements étrangers. La France se pose en acteur du secteur.

Mais c’est un autre domaine encore plus stratégique que vise la France. Le chef de l’État français louche sur les importantes ressources minières du pays. À commencer par l’uranium, car la Mongolie dispose des plus importantes réserves d’Asie. La France déjà d’un pion important dans ce jeu d’échecs politico-économique grâce à la présence d’Orano (ex-Areva) dans le pays depuis vingt-cinq ans. « La France appuie le projet de mine d’uranium qui doit désormais dépasser le stade de projet pilote », a précisé l’Élysée aux Échos.

Paris espère également donner une nouvelle impulsion à d’autres projets liés aux matières premières mais aussi aux terres rares. Au regard de la géologie, le pays disposerait d’importantes réserves, comme le prouve le sol de Mongolie intérieure en Chine. Mais « d’autres études sont nécessaires », souligne aussi l’Élysée auprès du quotidien économique.

Les terres rares sont des métaux et des composés métalliques utilisés dans un grand nombre de procédés de fabrication de haute technologie, notamment de technologies « d’avenir » : batteries, écrans, téléphones portables, ampoules basse consommation, véhicules hybrides, rotors d’éoliennes, ou encore missiles… « La Mongolie a toute sa place en outre dans notre stratégie de diversification des approvisionnements européens afin de garantir notre souveraineté énergétique » ajoute encore l’Élysée.

Source: Le Parisien