Tour d’Italie : le Français Bruno Armirail, nouveau maillot rose

May 20, 2023
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Bruno Armirail, à l’arrivée de la 14ᵉ étape du Giro, à Cassano Magnago (Italie), le 20 mai 2023. LUCA BETTINI / AFP-PH

C’est l’un des charmes du cyclisme, et de ses grands Tours en particulier : de temps à autre, il met à l’honneur un équipier de l’ombre, l’un de ceux qu’on appelle les gregarios ou les porteurs d’eau, dont le rôle est habituellement d’abriter du vent un leader ou d’aller lui chercher un bidon à l’arrière du peloton. Bruno Armirail est de ceux-là et, samedi 20 mai, des circonstances de course exceptionnelles lors de la 14e étape du Tour d’Italie l’ont propulsé en pleine lumière, sur le podium, le maillot rose de leader du Giro sur les épaules, sous les confettis et une bouteille de mousseux à la main.

En se glissant dans une échappée de 27 coureurs qui a rallié l’arrivée avec plus de 21 minutes d’avance sur le peloton des favoris, le Français de 29 ans a pris la tête du classement général. L’étape, disputée entre Sierre et Cassano Magnago (193 kilomètres), a, elle, été remportée par l’Allemand Nico Denz (Bora). Bruno Armirail, 15e sur le parcours du jour, à 51 secondes de Denz, est le premier Français depuis Laurent Jalabert, en 1999, à endosser le maillot rose de leader du Tour d’Italie.

« Je n’en reviens pas »

Une météo exécrable et un profil peu propice à une explication entre favoris (un gros col en début d’étape suivi de 100 kilomètres de plat jusqu’à l’arrivée) ont fait le jeu de celui qui, la plupart du temps, est chargé d’aider son leader, Thibaut Pinot. « Ce n’était pas le plan, a reconnu Armirail, au micro des organisateurs du Giro, une fois assuré d’enfiler la prestigieuse tunique. Le but, c’était de me glisser dans l’échappée du jour et de viser la victoire d’étape. J’étais très loin d’imaginer ça. Depuis le début [du tour d’Italie], j’en parlais avec Rudy Molard [l’un de ses coéquipiers], et on se disait “Il se peut qu’un jour une échappée prenne 15 minutes”. (…) C’est un rêve. Je n’en reviens pas. »

Le natif de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées), qui n’a gagné aucune course en professionnel hormis un titre de champion de France du contre-la-montre en 2022, était 23e au classement général au matin de l’étape samedi, avec 18 minutes et 37 secondes de retard sur Geraint Thomas. Il est désormais en tête avec 1 minute et 41 secondes d’avance sur le Gallois (2e), vainqueur du Tour de France 2018, 1 minute et 43 secondes sur le Slovène Primoz Roglic (3e) et 4 minutes et 54 secondes sur son leader, Thibaut Pinot (10e).

Si une victoire finale est difficilement envisageable pour Armirail dans ce Tour d’Italie, surtout au vu de la troisième semaine très montagneuse qui attend le peloton, c’est une belle récompense pour celui qui réalise un Giro très abouti. En plus de tenir son rôle d’équipier de Thibaut Pinot, comme la veille dans le premier col, il s’est classé cinquième du deuxième contre-la-montre, dimanche 14 mai.

« Bruno est un très bon équipier, et il l’a encore prouvé hier, a commenté son directeur sportif Sébastien Joly. Aujourd’hui, Thibaut lui a laissé carte blanche pour le remercier. On est très heureux. Cela faisait très longtemps qu’un Français n’avait pas porté le maillot rose. A sa manière, Bruno entre dans l’histoire. »

La mission d’Armirail pour la suite de ce Tour d’Italie devrait surtout consister à aider Pinot à décrocher une victoire d’étape et à conserver le maillot de meilleur grimpeur. Ce dernier est passé tout près, vendredi, lors de la 13e étape, où la météo déjà éprouvante avait poussé les organisateurs à raccourcir le parcours.

Laurent Fignon est le dernier Français à avoir remporté le Tour d’Italie, en 1989. Il était alors le troisième coureur tricolore à gagner le Giro, après Jacques Anquetil (1960, 1964) et Bernard Hinault (1980, 1982, 1985).

Source: Le Monde