" Sur la dalle ", de Fred Vargas : le commissaire Adamsberg chez les Bretons

May 21, 2023
41 views

Le château de Combourg (Ille-et-Vilaine). YANNICK LE GAL / ONLYFRANCE

Et revoici Jean-Baptiste Adamsberg ! Le policier flâneur cher à Fred Vargas n’avait pas donné signe de vie depuis une sombre affaire de vengeance, il y a six ans (Quand sort la recluse, Flammarion, 2017). Comme si le temps n’avait pas de prise sur lui, il déboule aujourd’hui dans son commissariat du 13e arrondissement, torse nu, un hérisson blessé dans les bras, qu’il entend bien sauver. Il ne restera pas longtemps à Paris.

Son attention est attirée par un meurtre survenu dans un village breton, Louviec, juste à côté de Combourg et de son château. Cela tombe bien – chez Vargas, le hasard fait toujours bien les choses –, Adamsberg y est passé récemment, dans le cadre d’une autre enquête, et s’est lié avec son homologue local.

Le principal suspect est une personnalité du village, un excentrique, descendant de François-René de Chateaubriand (1768-1848). Convaincu de son innocence, Adamsberg prend la direction de l’Ille-et-Vilaine, rejoint par toute son équipe quand les morts se multiplient.

Lire aussi ce portrait littéraire (2017) : Article réservé à nos abonnés La formule magique de Fred Vargas Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections

identifiez-vous S’inscrire gratuitement

Se connecter Vous possédez déjà un compte ?

Pour Sur la dalle, douzième enquête d’Adamsberg, la « formule magique » de Fred Vargas n’a guère changé. L’écrivaine glisse toujours des signes à interpréter : ici, c’est l’utilisation d’un couteau rare comme arme du crime qui aiguise la ­curiosité d’Adamsberg. Le bestiaire, ensuite. La clé des enquêtes écrites par ­l’ancienne archéozoologue se trouve souvent dans les traces laissées par des animaux. Pas d’araignée, cette fois-ci, mais, outre le hérisson mal en point, un âne, un chien éviscéré, des bombyx, et surtout des puces aux piqûres significatives. Comme toujours, enfin, l’enquête tient en partie du conte et s’appuie sur des légendes locales. A l’image du fantôme boiteux qui hante le château de Combourg et vient tourmenter les villageois, la nuit, en cognant sa jambe de bois sur les pavés.

Si éloigné de tous les clichés propres au polar

L’élément principal de ce roman haletant reste cependant Adamsberg, policier si éloigné de tous les clichés propres au polar. ­Habité par une « nonchalance innée semblant souvent toucher à de la négligence, voire de l’indifférence », le commissaire obtient ses succès grâce à des « méthodes opaques, si tant est qu’on puisse parler de méthode dans le cas d’Adamsberg, et par des chemins détournés où peu parv[iennen]t à le suivre ».

Le public ne s’y trompe pas : c’est ce ­policier atypique et attachant qui fait le succès de l’autrice de 65 ans, dont ­chaque livre se vend à plus de 500 000 exemplaires.

Cette force est peut-être aussi la principale faiblesse des derniers romans de la série : trop occupée à construire le livre autour de son personnage de « pelleteux de nuages » et à nouer une intrigue retorse, l’autrice laisse parfois le reste du récit verser dans une certaine facilité. Ainsi les méchants le sont-ils jusqu’à la caricature.

Il vous reste 13.19% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source: Le Monde