Cannes 2023, jour 5 : le retour du Grand Journal (et du grand réalisateur)

May 21, 2023
101 views

En attendant la projection du nouveau film de Martin Scorsese, “C à vous” invite Michel Denisot et se prend pour l’émission culte de Canal+... On ne peut être que nostalgique !

« C à vous » a pris ses quartiers à Cannes, avec, vendredi soir, Michel Denisot, habitué des lieux. Ambiance retour vers le futur. Photo Jack Tribeca/BESTIMAGE

Par Emma Defaud Partage

LinkedIn

Facebook

Twitter

Envoyer par email

Copier le lien

Un monstre sacré et une toute jeune pousse. Ce samedi, le Festival projette le nouveau film de Martin Scorsese, 80 ans, avec Leonardo DiCaprio et Robert De Niro alors que Ramata-Toulaye Sy, 36 ans, présente en compétition son premier long métrage. « Mon père, je ne sais pas, mais je pense que ma mère n’est jamais entrée dans un cinéma », raconte-t-elle lors de notre rencontre à découvrir ici. Quant à Scorsese, nous avons classé ses films du moins bon au meilleur, en attendant de vous parler de Killers of the Flower Moon, l’histoire vraie de la mise à mort d’une tribu indienne trop riche pour ne pas se faire spolier (lien).

Télé Nostalgie. Un grand plateau télé de talk-show sur la Croisette, ça rappelle de bons souvenirs. L’émission C à vous s’est délocalisée à Cannes le temps du festival et a frôlé vendredi soir son record d’audience (tranche 20h-21h). Certes, sur les chaînes concurrentes, Quotidien et TPMP proposaient des rediffusions, mais tout de même. L’invité d’hier soir, Michel Denisot, présentateur historique du Grand Journal, n’a fait que renforcer ce parfum de nostalgie, cultivé même chez France Télévisions, à l’image de ce générique remanié.

Il pleut dans la maison. Ce n’est pas seulement le titre d’un film en lice pour la Caméra d’or, mais une réalité des derniers jours à Cannes. Au point qu’il devient parfois difficile de travailler. Vendredi, le tournage de notre face-à-face critique (voir ci-dessous) se déroulait dans l’appartement loué par Télérama. Mais la pluie tambourinait tellement fort sur la lucarne du toit que la prise sonore était impossible. Nous avons fini par ouvrir ladite lucarne pour laisser l’eau entrer en silence. Une demi-heure de tournage, vingt minutes pour éponger. D’un côté le tapis rouge, de l’autre la serpillère...

Étrange mécène. Les filles d’Olfa, présenté en compétition vendredi 19 mai, est une coproduction française, tunisienne, allemande et... saoudienne. Le pays du fort peu démocratique Mohamed Ben Slamane a financé le long métrage de Kaouther Ben Hania (lire la critique ci-dessous), via sa fondation Red Sea Film Festival – la même que Maïwenn est « très fière » d’avoir au tour de table de sa superproduction Jeanne du Barry. On se demande quand même si les Saoudiens ont bien lu le scénario des Filles d’Olfa avant de donner leurs pétrodollars : le film dénonce en effet avec puissance les ravages du patriarcat sur les femmes en terres musulmanes – et en ce domaine, le royaume wahhabite est encore plus « performant » que la Tunisie. Mais bon, d’après Maïwenn, il paraît que « les mentalités changent » et que « les choses bougent » en Arabie saoudite... S. D.

Notre vidéo du jour

Nos critiques du jour

q The Zone of Interest, de Jonathan Glazer ► Madame s’est beaucoup investie dans le logement de fonction de son époux, jardin, serre, piscine. Madame s’épanouit à Auschwitz-Birkenau, à une muraille et quelques barbelés de l’extermination industrielle supervisée par Monsieur, l’officier SS Rudolf Höss, commandant du camp. Ce quasi-huis clos chez les monstres, adapté du roman de Martin Amis, travaille avec un soin maniaque l’éternelle question de la banalité du mal et de la représentation de l’horreur.

q Banel & Adama, de Ramata-Toulaye Sy ►Le film mêle le conte et la tragédie, pari risqué qui court mille fois le péril de la joliesse et du dialogue appliqué mais le déjoue, parfois in extremis, grâce à un personnage féminin dont la grâce cache à la fois un secret dévorant et une force insoupçonnable.

r Les Filles d’Olfa, de Kaouther Ben Anhia ► Un dispositif singulier, que l’on pourrait qualifier de « documentaire sur la préparation d’un faux film de fiction », met en scène Olfa et ses deux filles cadettes adolescentes face à deux actrices professionnelles qui interprètent deux filles aînées parties faire le djihad. L’artificialité du dispositif est assumée sans détour et ses mensonges permettent d’accéder à la vérité. À savoir, la répétition des traumas familiaux et, à travers elle, la perpétuation d’un système d’oppression des femmes.

r Le Temps d’aimer, de Katell Quillévéré ► Une traversée des âges et des époques qui interroge, entre autres, la parentalité, la transmission, la bisexualité, le déterminisme social et la fidélité. Au-delà de leurs particularités, les deux héros (Anaïs Demoustier et Vincent Lacoste) invitent, surtout, à une réflexion sur le couple, entité à mi-chemin entre le malentendu et le miracle.

s Les herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan ► Palme d’or en 2014 avec Winter Sleep, le cinéaste turc est de retour sur la Croisette et met en scène avec maestria les états d’âme d’un trio singulier dans un collège d’Anatolie orientale. D’une esthétique majestueuse, en extérieur comme dans la pénombre des logements, le film est aussi d’une richesse impressionnante.

Notre photo du jour

L’acteur marocain Abdellatif Masstouri, qui joue dans « Les Meutes », de Kamal Lazraq. Photo Jean-Francois Robert pour Télérama

Source: Télérama.fr