Grèce : la droite de Kyriakos Mitsotakis en tête des élections, selon des résultats partiels
Des militants de Nouvelle Démocratie exhultent à l’annonce du résultat des sondages réalisés à la sortie des urnes, le 21 mai 2023 à Athènes. Selon les premiers résultats partiels, le parti conservateur du premier ministre sortant est largement en tête, mais n’atteint pas la majorité absolue. ARIS MESSINIS / AFP-PH
Nouvelle Démocratie (ND), le parti conservateur du premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, est arrivé en tête des élections législatives, dimanche 21 mai, selon des résultats partiels, mais il pourrait avoir des difficultés à former un gouvernement stable, faute de majorité absolue. Formation au pouvoir depuis quatre ans, ND a recueilli 41,1 % des suffrages, devançant largement le parti de gauche Syriza de l’ancien chef de gouvernement Alexis Tsipras, qui obtient 20 % des voix, selon des résultats portant sur 30 % des bureaux de vote. Les socialistes du Pasok-Mouvement pour le changement arrivent troisièmes, avec 12,6 % des voix.
S’ils se confirment, ces résultats ne permettent pas à la droite de disposer d’une majorité absolue. Le chef du gouvernement sortant, qui brigue un nouveau mandat de quatre ans, a exclu de former une coalition. De son côté, M. Tsipras a fait des appels du pied au dirigeant du Pasok-Mouvement pour le changement, Nikos Androulakis, en vue d’une alliance mais celui-ci a formulé des exigences. En cas d’impossibilité de former un gouvernement dans les deux prochaines semaines, ce que nombre d’analystes prédisent, un nouveau scrutin devra être convoqué et devrait se tenir fin juin ou début juillet. Le vainqueur de ce deuxième scrutin bénéficierait alors d’un bonus pouvant aller jusqu’à 50 sièges, susceptible de lui donner une majorité stable.
Durant sa campagne électorale, le chef du gouvernement conservateur, diplômé de Harvard et fils d’un ancien premier ministre, n’a cessé de faire valoir son bilan économique. Dimanche, après avoir voté à Athènes, il a assuré vouloir faire de la Grèce « un pays plus fort avec un rôle important en Europe ». « Nous votons pour notre avenir, pour plus d’emplois et de meilleurs emplois, pour un système de santé plus efficace », a-t-il aussi promis, accompagné de deux de ses trois enfants adultes.
Une dette publique de plus de 170 % du PIB
Chômage en baisse, croissance de près de 6 % l’an dernier, retour des investissements et envolée du tourisme… L’économie a repris des couleurs après des années de crise aiguë et les plans de sauvetage européens. Son adversaire, qui incarna en 2015 les espoirs de la gauche radicale en Europe, avait voulu voir dans ces élections « un jour d’espoir » pour « tourner la page de quatre années difficiles » avec un gouvernement « arrogant et qui ne s’intéresse pas aux plus nombreux ».
La baisse du pouvoir d’achat et les difficultés à boucler les fins de mois restent les principales préoccupations d’une population qui a consenti de douloureux sacrifices ces dix dernières années. De nombreux Grecs doivent se contenter de bas salaires et ont perdu confiance dans des services publics réduits à peau de chagrin après des cures d’amaigrissement drastiques. Le pays ploie toujours sous une dette publique de plus de 170 % de son PIB et l’inflation a frôlé l’an dernier les 10 %, aggravant encore les difficultés de la population.
Fin février, la catastrophe ferroviaire qui a fait 57 morts a réveillé la colère qui ronge la Grèce depuis la crise et a donné lieu à des manifestations contre le gouvernement, accusé d’incurie. Les contempteurs de M. Mitsotakis lui reprochent une dérive autoritaire. Son mandat a été émaillé de scandales, des écoutes illégales aux refoulements de migrants, en passant par les violences policières.
En mars, le Parlement européen a dénoncé des « menaces sérieuses pour l’Etat de droit et les droits fondamentaux », selon l’eurodéputée néerlandaise Sophie in’t Veld. La Grèce est aussi régulièrement accusée de refouler des migrants vers la Turquie. Vendredi, le New York Times a diffusé une vidéo attestant de telles pratiques illégales, qu’Athènes nie avec véhémence.
Le Monde avec AFP
Source: Le Monde