Cannes 2023, jour 6 : à bicyclette sur la Croisette

May 21, 2023
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Thierry Frémaux en flagrant délit d’excès de vitesse, un court métrage inédit de Godard, Julianne Moore et “Les Macron”… Le récap, et les critiques du jour.

Sous le casque, Thierry Fremaux. Photo Gisela Schober/Getty Images

Par Le service Cinéma Partage

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Un Godard posthume. C’était la séance la plus attendue de Cannes Classics, la section « patrimoine » du Festival : la projection, ce dimanche, d’un court métrage inédit de Jean-Luc Godard, huit mois après la mort volontaire du cinéaste. Les vingt minutes de Film annonce du film qui n’existera jamais : « Drôles de guerres » sont du pur JLG dernière période : un essai poétique parfois crypté, sinon abscons qui, sur un fond de papier photo blanc estampillé Canon, mêle phrases manuscrites, extraits de livre, collages de reproductions d’œuvres d’art et de portraits photos (on a reconnu notamment l’acteur Thierry Frémont). Mais l’émotion était là, quand, sur des images d’un film non identifié, la voix de Godard résonna dans la salle Debussy pour expliquer l’origine littéraire de ce projet (un recueil de nouvelles du militant trotskiste Charles Plisnier, Prix Goncourt 1937). C’était la voix d’un homme très fatigué mais d’un artiste qui avait encore foi dans le cinéma.

Et les deux films les plus écolos de Cannes sont… Acide, de Just Philippot, présenté en séance de minuit ce dimanche soir, et La Chimera, d’Alice Rohrwacher, qui sera projeté en compétition vendredi 26 mai, ont reçu respectivement ce midi les deuxièmes prix Ecoprod France et Ecoprod International, qui récompensent les longs métrages produits de la manière la plus écoresponsable possible. Le jury composé de l’activiste et militante pour le climat Camille Etienne, de la productrice Barbara Letellier, du régisseur Alexis Giraudeau ainsi que d’Audrey Dana et Jérémie Renier, a salué « la mobilisation » tous les corps de métier sur la production d’Acide qui ont, tous, « accepté de participer activement à limiter l’impact environnemental » de ce film d’anticipation au sujet très écolo-compatible – il y est question de pluies acides qui ravagent l’Europe. La réalisatrice italienne Alice Rohrwacher a, elle, été distinguée pour son engagement aux côtés de la production de La Chimera pour mobiliser toute l’équipe autour d’une « démarche écologique véritablement ancrée sur le territoir […], en étroite coopération avec le tissu local et notamment les associations environnementales et sociales ».

Thierry Frémaux a-t-il perdu les pédales ? Il avait promis de se déplacer à vélo électrique. Le délégué général du Festival y a peut-être mis un peu trop de velléité. Stoppé dans sa course sur un trottoir par un policier municipal, Thierry Frémaux est parti en roue libre et s’en est pris verbalement et vertement à l’agent. « Donnez-moi votre nom. […] Ça va aller très loin ! » Les organisateurs du Festival assurent que la réconciliation a été très rapide, mais trop tard, la vidéo est devenue virale.

Soutien à Amber Heard. Ce samedi, une partie de l’équipe du Ravissement (Semaine de la critique) a arboré un t-shirt à l’effigie d’Amber Heard, l’ex-femme de Johnny Depp qui l’accuse de violences conjugales et psychologiques. Une voix à faire entendre, après cinq jours de polémique autour de la présence de Johnny Deep à l’ouverture du festival.

“May December” et “Les Macron”, même combat. Le film de Todd Haynes présenté samedi soir a été salué par huit minutes de standing ovation à la fin de la projection de gala. Julianne Moore y interpètre une femme qui a eu une liaison avec un enfant de classe de cinquième, l’a épousé après sa peine de prison et vit une vie paisible avec lui depuis plus de vingt ans. Une actrice (Natalie Portman) vient passer quelques jours avec le couple avant sa participation à un film qui retrace le scandale. Mais pourquoi « May December » ? « C’est une expression anglaise intraduisible qui souligne la différence d’âge dans un couple », explique en conférence de presse le réalisateur. « En France, on dit “Les Macron” », poursuit-il dans un éclat de rire, fier de son bon mot, suivi par la salle. Charles Melton, l’acteur de Riverdales, qui incarne le compagnon de Julianne Moore, est, lui, complètement perdu et demande à l’oreille de l’actrice des explications. Chacun pourra savourer ses expressions quand Julianne Moore lui raconte ce détail de l’histoire de France.

Notre photo du jour

Vincent Lacoste, à Cannes pour « Le Temps d’aimer », de Katell Quillévéré. Photo Jean-Francois Robert pour Télérama

Nos critiques du jour

s May December, de Todd Haynes ► Sur fond de scandale passé, le cinéaste américain orchestre la rencontre vertigineuse de deux femmes, dont l’une doit jouer le rôle de l’autre.

s Les Herbes sèches, de Nuri Bilge Ceylan ►Palme d’or en 2014 avec « Winter Sleep », le cinéaste turc met en scène avec maestria les états d’âme d’un trio singulier dans un collège d’Anatolie orientale.

r Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese ►Oklahoma, années 1920. Une vague de meurtres secoue la communauté des Indiens Osages, sur fond de tensions raciales. Entre western et film noir, Martin Scorsese délaisse ses accents baroques pour signer trois heures et demie d’une fresque historique vibrante.

r Les Meutes, de Kamal Lazraq ► À Casablanca, un père et son fils plongent malgré eux dans une nuit d’embrouilles et de magouilles. Kamal Lazraq filme avec justesse des hommes à la dérive, au-delà du cinéma social.

q Omar la fraise, d’Elias Belkeddar ► Deux petits gangsters en exil à Alger se voient contraints d’accepter leur nouvelle vie. Porté par le duo de comédiens, ce premier film qui joue habilement avec les clichés du genre

q Le Ravissement, d’Iris Kaltenbäck ► Belle découverte à la semaine de la critique, Le Ravissement, premier long métrage d’Iris Kaltenbäck, raconte tout en délicatesse la dérive psychologique d’une jeune femme en mal d’amour, qui s’approprie peu à peu le bébé de sa meilleure amie. Sur le versant tendre et poignant de la folie et de l’imposture, la comédienne Hafsia Herzi est d’une grâce inoubliable.

Notre vidéo du jour

Source: Télérama.fr