Cannes 2023 : " Le jeu de la reine ", Karim Aïnouz sur le versant rustique du film de cour

May 22, 2023
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Alicia Vikander dans « Le jeu de la Reine », de Karim Aïnouz. CINEUROPA

SÉLECTION OFFICIELLE - COMPÉTITION

Karim Aïnouz, réalisateur brésilien qui nous avait habitués à des chroniques de mœurs contemporaines saisies dans son pays (Marin des montagnes, 2021), fait ici un grand saut vers le film d’époque anglophone, en adaptant Queen’s Gambit (2012) de la romancière anglaise Elizabeth Fremantle, premier volume d’une trilogie sur les Tudor et énorme succès de librairie. Edité voici déjà dix ans, le livre s’élève sur la vague du néo-féminisme et de la célébration des femmes fortes, dont la reine Catherine Parr, héroïne de ce premier opus, est un bel exemple.

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Sixième femme du roi Henri VIII – qui a plus ou moins expédié ad patres les précédentes –, qu’elle épouse en 1543, elle se distingue par l’intelligence de sa gouvernance comme régente tandis que son mari fait la guerre à François 1er, a des sympathies pour les forces progressistes du royaume et professe une inclination pour la Réforme.

C’est ce dernier engagement qui manquera de la faire brûler en place publique, l’évêque Etienne Gardiner étant parvenu à convaincre le monarque de l’hérésie de sa femme. Son intelligence lui permet toutefois de reconquérir les faveurs d’un mari devenu mentalement et physiquement monstrueux avec l’âge.

A partir de quoi, après le versant poudré et sophistiqué de la royauté selon Maïwenn (Jeanne du Barry), voici la part rustique et scrofuleuse de la cour. Boiseries sombres et lumière de cave. Roi dingo et jambe gangréneuse. Brouillards sur la plaine, partition compassée et peste noire. Personnages en carton. Vu et revu cent fois. Avec l’étendard féministe qui, désormais, flotte sur la marmite académique.

Source: Le Monde