Le volontarisme de Volodymyr Zelensky, du sommet de la Ligue arabe à Djedda à celui du G7 à Hiroshima

May 22, 2023
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Du sommet de la Ligue arabe à Djedda à celui du G7 à Hiroshima, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a fait une nouvelle fois la démonstration au cours des derniers jours de sa capacité à imposer la tragédie ukrainienne dans toutes les agoras internationales. Au Japon, où étaient réunis ses alliés occidentaux, il a obtenu une ouverture significative en matière d’aide militaire. Après les blindés gagnés au tournant de l’année, il a eu gain de cause pour des avions de combat, même s’il ne s’agit pour l’instant que d’une perspective.

L’effet de cliquet est indéniable. Il souligne combien les alliés occidentaux de l’Ukraine se sont affranchis des craintes de représailles du Kremlin, toujours prompt à dénoncer une escalade. Il faut le répéter à ceux qui doutent toujours de la pertinence de cette aide militaire qui ne ferait, selon eux, que perpétuer la guerre : ce qui s’est passé en Ukraine, depuis 2014 et les premières agressions russes, démontre le contraire. Les armes livrées permettent à la fois de protéger les Ukrainiens et de repousser l’envahisseur des régions où il ne sème que terreur et désolation.

Dans la pire des adversités, l’armée ukrainienne se transforme donc en force de premier plan. Ce renforcement est impératif car il revient à Kiev, comme au cours de l’été 2022, de reprendre l’initiative sur le terrain pour conforter ses alliés dans leur soutien et placer l’agresseur russe le dos au mur. Des avancées sont d’autant plus impératives à l’heure de la quasi-perte de Bakhmout, enjeu plus symbolique que stratégique sur lequel les Russes se sont usés pendant des mois pour un bénéfice incertain.

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Ce renforcement militaire, à condition qu’il soit poursuivi, peut également répondre en partie aux interrogations qui seront soulevées lors du sommet de l’OTAN prévu en juillet à Vilnius, en Lituanie. Car il constitue en lui-même un engagement significatif envers l’Ukraine en matière de sécurité, alors qu’une adhésion immédiate reste impossible.

L’offensive diplomatique du président ukrainien s’inscrit aussi dans ce moyen terme. Lucide à propos du tournant multipolaire que la guerre en Ukraine a accéléré, il montre qu’il n’entend pas se contenter du cercle de ses soutiens. Après le conclave arabe de Djedda et profitant de l’invitation au Japon de grands pays qui font le jeu de la Russie en renvoyant dos à dos, au mépris de la réalité, les deux parties en présence dans cette guerre d’un autre temps, il est également allé au contact du « Sud global » pour le mettre face à ses ambiguïtés.

Contraste saisissant

Non, ce conflit n’est pas qu’une affaire européenne, comme en témoignent ses effets en cascade, qui n’épargnent pas les pays les plus faibles. En ne trouvant pas le moyen de le rencontrer au Japon, son homologue brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, a perdu pour le moins une occasion de hisser son pays à la hauteur de ses propres ambitions.

Le contraste est saisissant entre la force de conviction du commis voyageur de la souveraineté et de l’indépendance ukrainienne et l’enfermement de Vladimir Poutine. S’il tire incontestablement bénéfice des calculs opportunistes d’une partie du « Sud global », le maître du Kremlin n’a eu au cours des dernières heures comme seule perspective à offrir que la « libération » par une milice privée, témoignage de l’abaissement de l’Etat russe, de cette ville de Bakhmout, réduite par ses soins à un champ de ruines. Choisir son camp devrait relever de l’évidence.

Le Monde

Source: Le Monde