Cannes 2023 : on a vu Acide, l'angoissant film catastrophe avec Guillaume Canet

May 22, 2023
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Ecran Large est de retour sur la Croisette pour l’édition 2023 du Festival de Cannes. Entre cinéastes confirmés et jeunes talents prometteurs, la centaine de films sélectionnés a de quoi donner le tournis. Après l’ouverture de Maïwenn, Jeanne du Barry, c’est l’heure de s'intéresser à un autre film hors-compétition : Acide. Le film catastrophe réalisé par Just Philippot (derrière La Nuée) et mené par Guillaume Canet est plutôt une très bonne surprise dans le petit monde du cinéma de genre français.

De quoi ça parle ? Alors que des nuages de pluies acides et dévastatrices commencent à s'abattre sur la France, une famille fracturée (incarnée par Guillaume Canet, Laetitia Dosch et Patience Munchenbach) va devoir s’unir pour affronter cette catastrophe climatique et tenter d’y échapper.

C’était comment ? Décidément, Just Philippot en a sous le capot. Son premier long-métrage, La Nuée, avait marqué les esprits en 2021 en transformant un drame rural initial en un véritable film d'horreur, empruntant beaucoup à un certain David Cronenberg. Avec Acide, adapté de son propre court-métrage éponyme, le cinéaste français continue à explorer les tensions sociales et familiales à travers le prisme de l'horreur, du fantastique, voire du film d'anticipation.

Une famille disloquée

Acide débute ainsi comme un drame social, le personnage de syndicaliste de Guillaume Canet étant condamné à porter un bracelet électronique après avoir mené une rébellion contre son patron et roué de coup un CRS blessé. Dès le départ, Philippot met donc l'accent sur l'importance de ses personnages, et notamment de leurs interactions compliquées, conséquences du mal-être social ambiant et de l'angoisse du quotidien. La première demi-heure prend donc son temps, peut-être même un peu trop, au point de manquer de panache et d'intérêt (le regard sur la société étant assez léger et banal).

Toutefois, Just Philippot use de cette longue introduction pour présenter habilement (même si sans subtilité) la menace à venir. Un moyen qui va permettre à son récit de basculer soudainement dans un survival captivant qui formera le coeur du reste du film. C'est à ce moment-là qu'Acide décolle réellement, notamment grâce à une première scène d'horreur corrosive où les personnages doivent affronter une première pluie acide.

Une tenue visuelle impressionnante

En accélérant le rythme, brusquant les mouvements de sa caméra, décuplant l'ambiance sonore (la musique de ROB est vraiment un point fort) et créant des images marquantes (ces chevaux rongés par l’acide et sans cavaliers), le réalisateur français plonge véritablement les spectateurs dans le cauchemar à venir. Plusieurs scènes du même acabit (et plus puissante) vont jalonner le film, dont une scène de pont étouffante, rappelant largement La guerre des mondes version Spielberg (grosse influence du film avec le cinéma de Shyamalan) et flirtant avec le gore bien crasseux.

Un moyen pour le monsieur de s'enfoncer un peu plus dans l'horreur au fil des péripéties, jusqu'à carrément créer un monde visuellement dévasté (les effets spéciaux sont ultra-solides), où toute forme de vie connue semble sur le point de disparaître à jamais. De plus en plus sombre (les couleurs laissent progressivement la place à une nature délavée et grisâtre) et ne craignant pas de faire des sacrifices pour accentuer le drame en cours, Acide angoisse et alarme sur l'avenir de notre monde.

L'imagerie de son court-métrage est décuplée dans la version cinéma

Car évidemment, les conséquences des pluies acides se révèlent monstrueuses sur le quotidien des personnages et la nature environnante. Outre le besoin d'échapper aux pluies diluviennes, tombant par intermittence, le trio doit en effet s'adapter, la denrée la plus précieuse (l'eau) étant devenue la plus dangereuse (comment s'hydrater dans la nature ou avec l'eau du robinet si les pluies contaminent tout l'environnement ?). Un regard écologiste pas franchement novateur, mais qui vient renforcer l'ambition visuelle et narrative de l’ensemble.

Bien sûr, le film est loin d'être parfait. On ne pourra pas nier que le récit (co-écrit par Just Philippot et Yacine Badday) semble parfois tronqué, des scènes ne semblant pas totalement à leur place quand d'autres ne s'enchaînent pas logiquement. Guillaume Canet, lui, n'est pas toujours convaincant en père en quête de rédemption. Malgré tout, rien qui n'empêche Acide de se placer comme un solide film de genre hexagonal. Et c'est probablement la meilleure preuve que, avec des scénarios un peu plus travaillé et aiguisé, Just Philippot pourrait devenir le vrai roi de l'horreur fantastique en France.

Et ça sort quand ? Le film sortira dans les salles françaises le 20 septembre 2023.

Source: EcranLarge