Guerre en Ukraine : l’incursion en territoire russe dans la région de Belgorod, un affront à Moscou
Est-ce un simple lapsus ou le constat d’une réalité ? Lundi 22 mai, après l’entrée sur le sol russe d’un groupe de combattants venus d’Ukraine, l’agence officielle russe TASS faisait état de la coupure des réseaux mobiles « dans la zone de conduite de l’“opération militaire spéciale”, dans la région de Belgorod ». En quelques mots, voilà l’« opération militaire spéciale », euphémisme pour la guerre d’invasion de l’Ukraine lancée par Vladimir Poutine, transportée sur le territoire russe…
Il faut dire que les événements survenus dans la région de Belgorod, frontalière de l’Ukraine, battent en brèche un certain nombre de certitudes. La capacité de la partie ukrainienne à mener des incursions chez son voisin était connue. La dernière d’envergure, en mars, avait même été largement mise en scène, avec la brève prise de contrôle de plusieurs bâtiments publics dans la région de Briansk. Mais l’attaque de lundi, menée contre les localités de Glotovo, Kozinka et Gora-Podol, est d’un autre ordre.
D’abord, les forces impliquées semblent bien plus importantes. Selon les images fournies par les assaillants eux-mêmes, plusieurs dizaines d’hommes y auraient pris part, membres de formations russes combattant pour Kiev, ainsi que des blindés. Côté russe, le déploiement d’hélicoptères de combat a été observé (et un hélicoptère de transport s’est écrasé dans une zone proche). Le bruit des détonations entendues pendant plusieurs heures par des témoins laisse aussi peu de place au doute quant à la dureté des combats.
« Nettoyage » toujours en cours
Ensuite, et c’est sans doute là que se situe l’affront le plus grave pour Moscou, une partie des assaillants n’avaient toujours pas été délogés, mardi matin. C’est ce qu’indiquaient dans la matinée des sources non officielles russes, ainsi que les assaillants. Et c’est ce qu’a ensuite confirmé le gouverneur de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, en évoquant un « nettoyage » toujours en cours et des zones auxquelles les forces de sécurité russes n’auraient toujours pas accédé.
Les assaillants ont pourtant lancé leur opération dès la fin de la matinée, lundi, avec des bombardements d’artillerie et des tirs de drone sur plusieurs districts frontaliers. Ceux-ci auraient fait huit blessés civils, selon le bilan officiel russe, une femme âgée est morte plus tard au cours de son évacuation en bus.
Dès 13 h 54, la chaîne Telegram de la légion Liberté de la Russie assurait avoir « complètement libéré » le village de Kozinka. « Nous sommes des Russes comme vous, nous sommes des gens comme vous, dit un combattant dans une vidéo diffusée à ce moment. Nous voulons que nos enfants grandissent dans la paix et soient des personnes libres, qu’ils puissent voyager, étudier et simplement être heureux dans un pays libre. » Plus tard, une autre vidéo montrera un véhicule de transport de troupe russe capturé et ramené en Ukraine.
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Source: Le Monde