Cours des matières premières, métaux rares : le "calme avant la tempête"?
Telle est la thèse développée dans la 73e édition du rapport CyclOpe, qui fait référence dans l'analyse des marchés mondiaux des matières premières.
Une usine de production de billettes d'aluminium, à Tarascon-sur-Ariège (illustration) ( AFP / CHARLY TRIBALLEAU )
Les cours des matières premières, qui connaissent depuis quelques mois une relative accalmie, sont dans une situation de "calme avant la tempête", notamment en ce qui concerne les métaux rares, essentiels dans la transition énergétique, a estimé Philippe Chalmin, principal coordinateur du guide annuel des matières premières CyclOpe.
Il rappelle que 2022 a été le théâtre de plusieurs crises : une crise énergétique, résultat de la reprise économique, puis de la guerre en Ukraine, "qui semble presque se normaliser tout en maintenant quand même de fortes tensions" ; une crise agricole, qui est "un petit peu aussi derrière nous".
Le virage électrique, grand accélérateur?
"Paradoxalement, l'année a été relativement calme sur les marchés des métaux, même si c'est là que nous ressentons aujourd'hui les tensions potentielles à venir les plus grandes", ajoute M. Chalmin, fondateur de la société d'études CyclOpe, dont le 37e rapport annuel est paru mardi 23 mai (éditions Economica).
Le LME Index, un indice qui intègre les prix de l'aluminium, du cuivre, du plomb, du nickel, de l'étain et du zinc échangés sur la Bourse des métaux de Londres (LME), a atteint 3.669,70 points la semaine dernière, son plus bas niveau depuis plus de 6 mois. L'indice était en baisse de plus de 6% depuis le début de l'année. Certains de ces métaux très demandés sont notamment utilisés pour produire des batteries pour véhicules électriques.
"Nous sommes dans des situations pratiquement excédentaires, même si quand on se projette à trois, quatre ans, la faiblesse de capacités nouvelles de production et ce qu'on anticipe des besoins liés à la transition énergétique font craindre effectivement des situations de pénuries, à partir de 2025/26, et certainement aux alentours de 2030", a indiqué Philippe Chalmin. Toutefois, "s'il est un produit qui devrait nous agiter dans les années à venir, ce sera le cuivre", a souligné l'économiste, compte tenu du rôle crucial de ce métal pour conduire le courant, en pleine électrification des usages.
Le cuivre est également tombé à un prix plus vu depuis fin novembre 2022 sur le London Metal Exchange la semaine dernière, à 8.088,50 dollars la tonne, un peu plus d'un an après avoir atteint son record historique en mars 2022, dans la foulée du début de l'invasion russe de l'Ukraine. Il a depuis dévissé d'environ 25%. "On a l'impression que finalement, les crises sont passées, alors que nous voyons une aggravation des situations climatiques, que la transition énergétique est de plus en plus une urgence planétaire et que celle-ci a été dessinée,je pense particulièrement au cas européen, sans véritablement se préoccuper de l'approvisionnement nécessaire en matières premières", a ajouté Philippe Chalmin.
Source: Boursorama