Hermes intl : Deutsche Bank appelle à la prudence sur le luxe en Bourse et ne conseille ni LVMH, ni Hermes à l'achat
(BFM Bourse) - La banque allemande a publié une note ce mardi dans laquelle elle souligne que le secteur s'échange avec une prime exigeante au vu de ses cours historiques. Elle recommande à l'achat Richemont, Swatch et Moncler, mais ni LVMH ni Hermès.
C'est le grand secteur qui permet au CAC 40 d'enregistrer jusqu'à présent un beau millésime 2023: le luxe. Depuis le début de l'année, Hermès et LVMH, signent respectivement la première et la sixième plus forte hausse de l'indice parisien (+32% et 23,9%). Pénalisé par la transition créatrice chez Gucci qui se traduit par une bien moindre croissance, Kering est de son côté à la traîne (+11%).
Au-delà des groupes tricolores, ce sont toutes les valeurs du compartiment européen qui ont le vent le poupe, le Stoxx Europe Luxury 10 - indice paneuropéen compilé par Qontigo - prend 22% depuis le début de l'année. Même le Nasdaq et ses performances dopées par l'engouement autour de l'IA générationnelle et ChatGPT ne fait pas aussi bien (+21,5%).
La saison des résultats, dans l'ensemble très bons, si ce n'est pour Burberry, a confirmé la forme étincelante du secteur, qui avait d'abord été porté par les annonces de réouverture de l'économie chinoise en début d'année.
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Primes de valorisations exigeantes
Mais les titres de ce secteur ne sont-ils pas en train de toucher un plafond de verre? Deutsche Bank juge en tout cas qu'il convient désormais de se montrer rigoureux. La banque allemande a publié une note ce mardi dont le simple titre "il est temps d'être plus sélectif" résume très bien son propos.
L'établissement d'outre-Rhin constate que les groupes de luxe ont enregistré une forte croissance de leurs ventes sur les trois premiers mois de l'année, grâce au début du rebond en Chine et à la résistance de l'Europe. Mais toutefois le ralentissement de la croissance aux Etats-Unis, "devient de plus en plus une source d'inquiétude, étant donné les signes d'affaiblissements de la demande du côté des consommateurs les plus aspirationnels [qui se dirigent vers les marques les moins onéreuses et plus dans l'air du temps au contraire de grands noms intemporels comme Louis Vuitton, NDLR]", pointe la banque.
Surtout, le bureau d'études souligne que le luxe est un thème d'investissement à l'achat très consensuel et très joué par les opérateurs de marché. La banque note que le secteur s'échange à des multiples laissant apparaître une prime historiquement élevée par rapport aux autres valeurs européennes, avec un ratio "cours sur bénéfices attendus" de 24.
"Compte tenu de cette prime de valorisation, nous sommes plus prudents et pensons que les investisseurs seront plus sélectifs au deuxième trimestre", juge Deutsche Bank.
Hermès et LVMH sous pression
L'établissement allemand privilégie ainsi les groupes qui possèdent à la fois une forte exposition à la Chine et une faible exposition aux Etats-Unis, tout en ayant une valorisation plutôt attrayante.
Ce qui l'amène à retenir trois valeurs. Deutsche Bank consacre le suisse Richemont, qui offre selon elle la meilleure répartition géographique. Le groupe possède des marques dans le "hard luxe" (comme Cartier et Van Cleef) et, en plus, affiche une décote de plus de 10% par rapport à ses comparables. La banque allemande recommande également à l'achat le fabricant de montres Swatch, ainsi que le spécialiste des doudounes Moncler, dont elle loue la dynamique de marque et sa capacité à saisir la demande chinoise.
Comme vous l'avez remarqué, les groupes de luxe français sont absents de cette sélection, Deutsche Bank ayant une recommandation à "conserver" sur LVMH, Hermès et Kering.
"Pour LVMH et Hermès, nous continuons à penser que les deux titres (..) offrent une exposition défensive au secteur du luxe grâce respectivement à leur diversification et à leur clientèle aisée", explique la banque. Toutefois l'établissement allemand pense que leurs primes de valorisation intègrent déjà une amélioration importante de leurs bénéfices et voit ainsi davantage de potentiel sur d'autres noms du secteur.
Elle précise toutefois que, des deux, LVMH est la valeur qui semble présenter le plus de potentiel à la hausse, en raison de son offre de marques différenciées et d'une valorisation moins tendue, alors que de son côté Hermès présente un niveau de prime inédit dans le secteur.
Quant à Kering, Deutsche Bank explique que, comme pour l'Italien Salvatore Ferragamo, elle fait preuve de prudence en attendant des signes d'amélioration sur la transition créatrice du groupe.
A la Bourse de Paris, les conseils de Deutsche Bank semblent trouver de l'écho puisque Hermès chute de 5,4%, accusant la plus forte baisse du CAC 40, LVMH perd 4,2% et Kering abandonne 2,6%. A l'inverse Richemont à la Bourse de Zurich résiste et s'adjuge 0,7%.
"Il n'y a a priori pas d'autres facteurs que la note de recherche de Deutsche Bank qui peut expliquer le mouvement de baisse sur les valeurs. Et il est vrai que cela devient compliqué de chercher de 'l'upside' (du potentiel de hausse, NDLR) sur le secteur", juge un analyste parisien.
Julien Marion - ©2023 BFM Bourse
Source: BFM Bourse