Transformer sa voiture thermique en électrique : le rétrofit en plein essor

April 26, 2023
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Depuis un arrêté publié en mars 2020, le rétrofit est encadré légalement pour une production en série, et de nombreux acteurs ont développé leurs offres. TOM HAUGOMAT

D’un coup de baguette magique, une vieille camionnette utilitaire diesel peut devenir un véhicule utilitaire électrique dépourvu d’émissions à l’échappement. Pour la bonne réussite de l’opération, la baguette magique devra être actionnée par des mécaniciens chevronnés, capables de retirer le moteur thermique et le réservoir du véhicule, et de les remplacer par un bloc électrique et une batterie. Cette pratique du « rétrofit » est promise à un bel avenir.

Au fur et à mesure du développement des restrictions de circulation dans les zones à faibles émissions (ZFE), les véhicules thermiques les plus anciens seront disqualifiés. Pour permettre à leurs employés de continuer à travailler dans ces agglomérations de plus de 150 000 habitants, les entreprises devront délaisser leurs camionnettes ou voitures les plus vieilles et les remplacer par des modèles électriques neufs ou les convertir par rétrofit.

Depuis un arrêté publié en mars 2020, le rétrofit est encadré légalement pour une production en série, et de nombreux acteurs ont développé leurs offres. Phoenix Mobility a ainsi été créée en 2018 et opère désormais sous le nom de TOLV. Fin 2022, ce spécialiste a obtenu sa première homologation pour convertir des Renault Trafic produits entre 2000 et 2006.

Ces fourgons embarquent une batterie de 34 kilowattheures et présentent une autonomie de 159 kilomètres en ville (123 kilomètres selon le protocole d’homologation WLTP). Leur vitesse maximale plafonne à 109,5 km/h. Installé en Isère, TOLV prévoit de convertir 100 Renault Trafic en 2023 et près d’un millier en 2024.

« Bon pour les finances »

Selon Rev Mobilities, autre acteur du marché, 20 millions de véhicules thermiques seront encore en circulation en France en 2035. Si ces modèles étaient interdits à la circulation, le rétrofit deviendrait une alternative économique à l’achat d’un véhicule électrique neuf ou d’occasion. Avantage induit, ces véhicules vieillissants éviteraient la casse, entameraient une deuxième vie et préserveraient ainsi les ressources naturelles.

Rev Mobilities a signé un accord avec le réseau Autobacs pour la commercialisation du rétrofit dans les ateliers des centres auto de l’enseigne. Le rétrofit d’une citadine nécessite vingt-cinq heures à cinquante heures de travail. Alors que les véhicules électriques requièrent un entretien allégé et menacent des emplois dans la réparation automobile, le rétrofit permet de maintenir l’activité. Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), la conversion à l’électrique des seules voitures citadines pourrait mobiliser entre 340 et 4 200 personnes supplémentaires en fonction du succès rencontré.

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Source: Le Monde