L’interdiction des vols intérieurs courts en France, une mesure vidée de sa substance

May 24, 2023
135 views

« Un signal majeur », « un symbole fort », « une première mondiale ». Le ministre délégué aux transports, Clément Beaune, n’a pas manqué de superlatifs pour se féliciter, mardi 23 mai, de l’entrée en vigueur de l’interdiction des lignes aériennes courtes à l’intérieur de la France. Mais derrière la communication, la mesure aura, en réalité, des conséquences limitées en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Loin des ambitions initiales.

Les liaisons supprimées Source : DGAC, SNCF

Un vol intérieur en France sur quarante concerné

L’idée de supprimer les trajets en avion quand ils sont facilement remplaçables par un autre mode de transport s’est imposée dans le débat public au cours des dernières années. Objectif : lutter contre le changement climatique, les vols intérieurs représentant environ 0,5 % du total des émissions de CO 2 françaises (et plus encore si l’on compte également l’effet des traînées de condensation formées par les avions).

La mesure mise en place par le gouvernement part d’un principe simple : interdire les trajets pour lesquels une alternative de moins de deux heures trente en train existe. Mais dans les faits, seules trois liaisons seront concernées par cette interdiction : Paris-Orly - Bordeaux, Paris-Orly - Lyon et Paris-Orly - Nantes.

Avec moins de 5 000 trajets annuels, ces vols ne représentent qu’une partie minime du trafic aérien intérieur de la France, qui en compte près de 200 000 chaque année (soit 2,5 %). La mesure touche environ 500 000 passagers annuels, sur un total de 16 millions (3,1 %). Deux de ces liaisons (Paris-Orly - Bordeaux et Paris-Orly - Lyon) avaient d’ailleurs déjà été supprimées par Air France en 2020, à la demande du gouvernement, tandis que la troisième (Paris-Orly - Nantes) l’a été sur décision de la compagnie.

Une ambition revue à la baisse

« Engagement tenu », s’est félicité Emmanuel Macron en annonçant la mise en place de l’interdiction. Or, si l’exécutif revendique avoir repris une proposition « issue des travaux de la convention citoyenne pour le climat » (CCC), la mesure mise en œuvre aujourd’hui est loin de l’ambition initiale des 150 citoyens tirés au sort pour plancher sur la réduction de l’empreinte carbone de la France. Dans son rapport publié en 2020, la CCC appelait de ses vœux la suppression de tous les vols en présence d’une alternative ferroviaire de moins de quatre heures.

Source: Le Monde