Élevage : Fesneau se paye la Cour des comptes après sa proposition de réduire le cheptel bovin

May 24, 2023
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«Le discours sur la décroissance forcée, portée comme politique publique, est curieux pour ne pas dire hors des réalités, quand on sait que la France n'est autosuffisante pour aucune filière animale», a notamment critiqué le ministre de l'Agriculture.

En recommandant, dans un rapport publié lundi, «une réduction importante du cheptel» bovin par souci écologique, la Cour des comptes a provoqué la colère des éleveurs. Mais aussi du ministre de l'Agriculture lui-même, qui a volé au secours de ces professionnels. Dans un long tweet publié mardi soir, Marc Fesneau a vertement critiqué les conclusions des Sages, sans jamais mentionner explicitement l'institution. «Jamais, on ne peut avancer en stigmatisant et en donnant pour seule perspective à toute une profession, la vindicte populaire et la disparition. Et personne ne peut accepter cela», écrit le ministre MoDem.

Il fustige également le supposé «discours sur la décroissance forcée, portée comme politique publique». Celui-ci «est curieux pour ne pas dire hors des réalités, quand on sait que la France n'est autosuffisante pour aucune filière animale, pointe-t-il. Serait-ce à dire que certains assumeraient de voir renforcer nos importations, baisser notre souveraineté alimentaire au profit de formes d'agriculture que nous ne voulons pas ? Serait-ce à dire que nous laisserions à d'autres le soin de nous nourrir ?»

Et le ministre de défendre les efforts faits par les éleveurs en matière de protection de l'environnement. «Aurait-on dans le même mouvement oublié les services environnementaux rendus par l'élevage ?», interroge-t-il, énumérant plusieurs arguments. «Que pour un hectare de prairie permanente, 110 kilos de CO2 sont absorbés chaque année, que l'élevage produit les engrais organiques nécessaires à l'agriculture biologique, et que nombreux sont les élevages à disposer d'une production d'énergies renouvelables», insiste-t-il notamment.

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Critiques des oppositions à droite

Une façon aussi de répondre aux oppositions de droite et d'extrême droite, dont de nombreux élus s'en sont pris au rapport de la Cour des comptes. À l'image du député LR Xavier Breton, qui a interpellé Elisabeth Borne à l'Assemblée lors des questions au gouvernement mardi. «Pourquoi tant d'acharnement contre la filière de l'élevage ?, a déploré l'élu de l'Ain. Mais de quoi se mêle la Cour des comptes ? Leur rôle n'est pas de dicter aux Français leur mode d'alimentation ni de prescrire la taille de nos élevages.»

Xavier Breton avait également critiqué le prétendu manque de soutien de l'exécutif à l'élevage, en particulier de Bruno Le Maire lors de sa récente inauguration d'une usine de viande végétale dans le Loiret. «A cette occasion, il assurait ouvertement la promotion des protéines végétales tout en cherchant à disqualifier les protéines animales», avait-il pointé. Dans son viseur notamment, un tweet du ministre de l'Économie : «Le saviez-vous ? 100g de protéines végétales génèrent de 60 à 90 % de gaz à effet de serre en moins que 100g de protéines animales», avait écrit le patron de Bercy le jour de sa visite du nouveau site du groupe Happyvore.

En l'absence de Marc Fesneau et de Bruno Le Maire, le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, avait pris la parole mardi dans l'hémicycle pour affirmer que les deux ministres soutenaient «le secteur de l'élevage et l'agriculture française dans son ensemble». «Ce gouvernement soutient l'élevage français. Cette majorité a voté deux lois pour soutenir l'agriculture française : Egalim 1 et Egalim 2 », avait-il affirmé. Dans son tweet publié mardi soir, Marc Fesneau a également tenté de désamorcer les propos de Bruno Le Maire sur les protéines végétales. «L'on n'est pas obligé de choisir par injonction entre végétal et animal», a-t-il souligné.

Source: Le Figaro