La Belgique veut une " pause " sur les normes environnementales de l’UE
NICOLAS MAETERLINCK / AFP NICOLAS MAETERLINCK / AFP
BELGIQUE - « Ce qu’il faut éviter maintenant, c’est de surcharger la barque ». À la suite du président français Emmanuel Macron, le Premier ministre belge, Alexander De Croo, s’est déclaré mardi 23 partisan d’une « pause » réglementaire européenne sur les normes environnementales.
Le chef du gouvernement a estimé sur la chaîne de télévision néerlandophone VRT qu’il serait contreproductif pour la Belgique et l’Union européenne d’ajouter « des nouvelles normes de dioxyde d’azote, de nouvelles normes liées à la loi de restauration du milieu naturel », ou encore « de nouvelles normes dans le domaine de la biodiversité ».
Le Premier ministre belge emboîte ainsi le pas au chef d’État français, qui a appelé le 11 mai à une « pause réglementaire européenne » en matière environnementale, estimant que l’Union européenne avait fait « plus que tous les voisins » et qu’elle avait désormais « besoin de stabilité ». Une déclaration lourde de sens, alors que la Belgique doit prendre la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne à partir de janvier 2024, pour une durée de six mois.
« Pour le CO2 nous devons garder notre ambition entière »
Si l’essentiel du plan climat de l’UE a été adopté (réforme du marché carbone, fin des ventes de voitures à moteur thermique…), les négociations sont ardues pour d’autres textes clefs du « Pacte vert » européen sur la biodiversité, les pesticides, ou les émissions polluantes des élevages.
« Je demande d’appuyer sur le bouton pause, mais pas en ce qui concerne le CO2, a nuancé Alexander de Croo. Pour le CO2 nous devons garder notre ambition entière, mais pour les autres sujets je demande de regarder si c’est bien le moment de faire tout en même temps. »
Il a dit redouter « une situation où il y a tellement de règles que notre industrie ne peut plus les gérer (...) et alors nous ne tiendrons pas nos objectifs de réduction des émissions de CO2, car c’est l’industrie qui va devoir les mettre en œuvre ». Il s’est aussi inquiété du risque de « perdre l’élan qui existe actuellement pour faire face au changement climatique », et d’« un scepticisme généralisé ».
« Les déclarations d’Alexander De Croo sont hallucinantes »
Comme Emmanuel Macron avant lui, le Premier ministre belge s’est rapidement attiré les foudres des écologistes. « Les déclarations d’Alexander De Croo sont hallucinantes. Je n’ai pas d’autre mot. L’érosion de la biodiversité est aussi préoccupante que le dérèglement climatique », a réagi sur Twitter Jean-Marc Nollet, coprésident du parti Écolo, partenaire de la coalition d’Alexander De Croo. « Si l’on veut garder une planète habitable, si l’on veut donner un meilleur avenir à nos enfants, pas question d’appuyer sur le bouton “pause” », a-t-il ajouté.
La principale force politique au Parlement européen, le groupe PPE (droite) réclame « un moratoire » sur ces projets législatifs liés aux pesticides et à la restauration de la nature, s’alarmant d’un impact trop lourd pour les agriculteurs et de « menaces » pour la sécurité alimentaire.
Mardi, la commission de l’agriculture du Parlement européen s’est prononcée contre l’un de ces textes clefs, qui impose aux États membres des objectifs de restauration des écosystèmes dans les zones terrestres et maritimes abîmées par la pollution ou l’exploitation intensive.
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Source: Le HuffPost