Comment les Ukrainiens " modèlent " le front avant de lancer leur contre-offensive

May 24, 2023
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Cette image tirée d’une vidéo montre un bâtiment endommagé dans la région de Belgorod (Russie), le 22 mai 2023. AP

Quand la contre-offensive ukrainienne sera-t-elle lancée ? A quel moment les troupes de Kiev s’estimeront-elles prêtes pour partir à l’assaut de la ligne de front ? Depuis la fin de l’hiver, les analystes militaires scrutent les moindres événements pour tenter de voir clair dans la stratégie élaborée par l’état-major ukrainien, qui réussit depuis plus d’un an à maintenir le secret sur ses opérations. « L’éventail des possibles est très large. Il est difficile de déterminer où et quand les Ukrainiens lanceront leurs axes d’effort », estime Thibault Fouillet, spécialiste des questions militaires à la Fondation pour la recherche stratégique (FRS).

Seule certitude, les Ukrainiens préparent activement le terrain pour leurs opérations. Depuis plusieurs semaines, les frappes sur les dispositifs logistiques russes se multiplient, notamment dans la profondeur, c’est-à-dire sur les zones les plus en arrière du front. Chaque jour et chaque nuit, des dépôts de carburant et de munitions, des nœuds ferroviaires, des infrastructures de télécommunications, des postes de commandement ou encore des cantonnements de soldats sont visés par des obus, des roquettes ou des drones ukrainiens, dans les territoires occupés mais aussi sur le sol russe.

Cette campagne d’artillerie, appelée « modelage » en langage militaire (« shaping » en anglais), est un préalable à toute offensive d’envergure. Elle a pour objectif premier d’affaiblir l’ennemi, en détruisant ses dispositifs de soutien ou en l’obligeant à les reculer très loin du front. A cet égard, la doctrine militaire russe, qui privilégie l’utilisation des voies ferrées à celle des axes routiers pour ravitailler les troupes, n’est pas sans avantages pour les Ukrainiens. « Une voie de chemin de fer est plus facile à détruire qu’une route, et ça se répare plus difficilement », confie une source militaire.

Missiles de longue portée et opérations de sabotage

Pour mener ce « modelage », les Ukrainiens disposent de matériels occidentaux comme les lance-roquettes Himars, qui atteignent des cibles situées jusqu’à 70 kilomètres, voire 150 kilomètres avec des bombes guidées GLSDB. Mieux, ils viennent de recevoir des missiles britanniques air-sol Storm Shadow, dont la portée dépasse 250 kilomètres. De premières utilisations de ces projectiles ont été constatées, notamment à Louhansk, dans le Donbass, ou sur une base aérienne située à Berdiansk, près de Marioupol.

Des opérations de sabotage, menées par des partisans ukrainiens infiltrés dans les territoires occupés ou sur le sol russe, se multiplient également.

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Source: Le Monde