Éducation nationale : la hausse des salaires concernera-t-elle tous les enseignants ? On vous répond

April 26, 2023
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En déplacement dans l’Hérault, le président de la République a annoncé jeudi 20 avril que les salaires des enseignants seraient rehaussés entre 100 et 230 € nets par mois sans condition dès la rentrée de septembre 2023. « Cette augmentation concerne-t-elle seulement les titulaires ou l’ensemble des enseignants ? », nous demande Jean-Pierre.

Quels critères conditionnent cette augmentation ? Qui concerne-t-elle ? S’agit-il vraiment d’une « revalorisation » ? On vous répond.

Pour tous, « quels que soient leur corps ou leur statut »

Emmanuel Macron a assuré que l’augmentation des salaires s’appliquerait « pour tous ». Dans son dossier de presse qui a suivi l’annonce du chef de l’État, l’Éducation nationale précise qu’il s’agit d’une « revalorisation sans condition », pour tous les professeurs « quels que soient leur corps ou leur statut ». Titulaires, contractuels, stagiaires… Ils et elles sont tous et toutes concernés « sans condition d’âge » et « pour mettre tout le monde au-dessus de 2 000 € ».

Le plan prévoit que tous les enseignants touchent a minima 1 300 € bruts supplémentaires sur un an grâce au doublement de la prime statutaire et 100 € nets supplémentaires par mois.

Les plus jeunes dans le métier percevront la plus forte augmentation plafonnée à 230 €. Ce montant proviendra d’une autre revalorisation prévue dans le plan du ministère de l’Éducation nationale : celle de la prime d’attractivité. Pour les enseignants en milieu et fin de carrière, l’Éducation nationale entend également favoriser les promotions : « La question de l’ancienneté sera davantage prise en compte. »

Les contractuels sont aussi concernés par ces mesures. Les stagiaires, seront augmentés eux de 160 € nets par mois.

Une revalorisation « bien au-delà » de l’inflation, défend Pap Ndiaye

« Peut-on vraiment parler de revalorisation lorsque le montant de celle-ci ne compense même pas l’inflation ? », nous demande encore Olivier d’Annecy. D’un point de vue sémantique, revaloriser signifie « augmenter le montant des salaires, des retraites, etc., pour tenir compte de l’érosion monétaire », nous apprend le dictionnaire Larousse. Il y a donc bien un lien entre revalorisation et inflation mais on peut parler de revalorisation dès l’inflation et évoquée pour justifier la hausse de salaire.

« Pour les premières moitiés de carrière, c’est bien au-delà [de l’inflation] », a encore insisté le ministre de l’Éducation nationale dans un entretien à Ouest-France . « Pour les enseignants avec quinze ans d’expérience, les hausses sont comprises entre 7,8 et 11,2 % net. Sans compter, pour tous, les missions liées au pacte qui permettront d’atteindre jusqu’à 25 % d’augmentation. Ce n’était pas arrivé depuis trente ans. Et je rappelle aussi l’augmentation du point d’indice en juillet 2022 qui a permis des augmentations importantes. »

Il assure vouloir que le métier d’enseignant redevienne attractif, notamment dans une logique de reconversions professionnelles. « On a de plus en plus de nouveaux professeurs qui entrent à l’Éducation nationale en deuxième moitié de carrière. Jusqu’à présent, on tenait peu compte de leurs années d’expérience dans le privé, et ils commençaient avec un salaire de débutant parfois à 40 ans. » Le ministre promet que « ces années dans le privé compteront au deux-tiers d’ancienneté dans l’Éducation nationale », insiste-t-il. Pap Ndiaye a aussi justifié sur France Inter le montant de la revalorisation salariale n’excédant pas l’inflation pour certains enseignants par la possibilité d’« ajouter des missions liées au pacte », un nouveau système de rémunération des activités complémentaires.

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Gagner encore plus grâce au « pacte enseignant »

S’ils travaillent plus, les professeurs auront encore la possibilité d’augmenter leur rémunération. « On augmente un peu tout le monde, mais on veut aussi récompenser ceux qui se donnent », a commenté Emmanuel Macron lors de sa visite dans L’Hérault. Il faisait référence au « pacte enseignant » proposé aux professeurs qui désireront s’engager dans des missions complémentaires comme du soutien scolaire ou des remplacements de courte durée. Elles seront rémunérées 1 250 € bruts par an pour une mission complémentaire et pourront se multiplier jusqu’à trois pour un montant brut annuel jusqu’à 3 750 €.

Le ministre de l’Éducation nationale assure qu’il s’agit de « rémunérer ou mieux payer des activités que les enseignants réalisent déjà ». « Actuellement, ces heures supplémentaires sont payées 45 € pour les certifiés et 26 € pour les professeurs des écoles. S’ils s’engagent dans le pacte, ils feront la même chose pour 69 € de l’heure », précise le ministre.

Pas concernés par ces remplacements ponctuels, les professeurs des écoles et leurs directeurs pourront, s’ils le désirent, s’investir dans des cours de renforcement en français et en mathématiques qui seront intégrés dès septembre dans les collèges dans l’emploi du temps des élèves 6e. De la primaire jusqu’au lycée, les enseignants pourront également se lancer dans « projets pédagogiques innovants » issus des concertations organisées dans le cadre du Conseil national de la refondation (CNR).

Une « provocation », ont dénoncé certains syndicats. « Avec plus de 43 heures travaillées par semaine, où va-t-on caser ces missions supplémentaires ? », avait dénoncé Sophie Vénétitay, du Snes-FSU, le syndicat majoritaire dans les collèges et lycées. Un constat partagé par Isabelle Vuillet, de la CGT Éduc’action. « Il ne s’agit pas d’une avancée salariale. […] On ne peut pas demander aux enseignants, qui ont déjà une charge de travail importante, de travailler plus. Ce sont des heures supplémentaires, ce n’est pas une augmentation. »

Source: Ouest-France