Marine Le Pen, quatre heures en Russie devant l’Assemblée nationale

May 24, 2023
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Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, lors de son audition par la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, le 24 mai 2023, au Palais-Bourbon, à Paris. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

Bonne ou mauvaise idée ? Le camp macroniste s’est longuement demandé s’il était opportun de convoquer Marine Le Pen à la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères. Après quatre heures d’audition, mercredi 24 mai à l’Assemblée nationale, il n’est pas certain qu’il ait trouvé réponse à sa question.

Certes, la cheffe de file de l’extrême droite aura été contrainte de s’expliquer longuement et publiquement sur le fameux prêt contracté en 2014 auprès d’une banque russe, sur ses visites en Russie, sur les voyages de ses députés comme « observateurs électoraux » à l’invitation de Moscou, ou sur l’identité atypique de son créancier actuel – une société moscovite de pièces détachées pour l’aéronautique, civile et militaire.

Mais si l’objectif était d’obtenir des aveux ou de faire émerger les preuves d’une Marine Le Pen sous influence russe, ses adversaires politiques en ont été pour leurs frais. A l’offensive, souvent péremptoire et agacée, parfois moqueuse, la triple candidate à la présidentielle a pu réciter une partition déjà souvent jouée : non, elle n’est sous l’influence d’aucune puissance étrangère, ni de quiconque d’ailleurs ; oui, elle considère que la France ne doit pas s’aliéner la Russie et que l’annexion de la Crimée en 2014 était légale, quoiqu’en pense la communauté internationale.

L’audition de Marine Le Pen était la dernière de cette commission d’enquête parlementaire créée à l’automne 2022 à l’initiative du Rassemblement national (RN). L’idée de son président, le député (RN) de la Somme Jean-Philippe Tanguy, était de tirer un trait sur le procès en dépendance à l’égard du Kremlin, fatal à Marine Le Pen lors du débat de l’entre-deux tours de l’élection présidentielle de 2022.

Beaucoup d’auditions ont tourné autour du prêt de 9,4 millions d’euros obtenu auprès de la First Czech-Russian Bank en 2014, à l’issue d’une longue entreprise de rapprochement entre le parti lepéniste, aux finances exsangues, et le pouvoir russe. Aucun entretien n’a pu apporter la preuve d’un service politique rendu en échange de l’obtention de ce prêt. « Si cela m’avait engagée à quoi que ce soit, je n’aurais pas signé. C’est clair ? », a dit Marine Le Pen, affirmant n’avoir jamais fait l’objet de la moindre tentative d’ingérence étrangère.

Soutien au référendum en Crimée

Veste rose pâle, sourire face aux photographes de presse, fiches étalées devant elle, la cheffe de file de l’extrême droite a soutenu être ravie de sa présence, qui n’avait pourtant pas été réclamée par Jean-Philippe Tanguy.

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Source: Le Monde