L'inflation britannique sous 10% en avril, l'alimentation flambe encore

May 24, 2023
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L'inflation a nettement ralenti en avril au Royaume-Uni, tombant sous la barre de 10% pour la première fois depuis août, mais ce reflux est plus modeste qu'attendu et les hausses des prix alimentaires restent très élevées.

En avril, l'inflation a atteint 8,7% sur un an, contre 10,1% au mois de mars, alors que "les fortes hausses des prix de l'énergie qui avaient été vues l'an dernier ne se sont pas répétées" en avril, explique sur Twitter Grant Fitzner, chef économiste de l'ONS, l'Office national des statistiques.

Pour autant, ce ralentissement est inférieur aux attentes, notamment de la Banque d'Angleterre qui tablait 8,4% en avril. Et l'inflation britannique reste la plus élevée des pays du G7 sur ce mois.

"Les prix sont restés en général nettement plus élevés que ce qu'ils étaient à la même période l'an dernier, avec une envolée des prix alimentaires proche de ses records historiques", poursuit M. Fitzner.

Les prix dans l'alimentation ont flambé de 19% en avril (0,1 point de moins qu'en mars), et l'inflation dans ce domaine évolue depuis plusieurs mois à des niveaux records sur plus 45 ans au Royaume-Uni.

"Les sécheresses et les inondations en Europe et ailleurs ont perturbé les chaînes d'approvisionnement et font grimper les prix des denrées alimentaires", relève Tom Lancaster, analyste du groupe de réflexion Energy and Climate Intelligence Unit (ECIU).

"Les agriculteurs sont toujours aux prises avec des coûts d'engrais proches de leurs sommets historiques, car la plupart sont fabriqués avec du gaz", ajoute-t-il.

La fédération de commerçants British Retail Consortium (BRC) note toutefois que "le prix de certains produits de première nécessité commence à baisser, notamment le lait et le beurre".

- Crise du coût de la vie -

"La baisse des prix de gros de l'énergie a finalement commencé à se répercuter", estime Susannah Streeter, analyste de Hargreaves Lansdown. "Mais on ne sait toujours pas jusqu'où et à quelle vitesse" l'inflation refluera.

Selon le Fonds monétaire international (FMI), qui a révisé mardi en nette hausse ses prévisions pour l'économie britannique cette année, l'inflation devrait baisser "considérablement" au Royaume-uni, pour atteindre environ 5% d'ici fin 2023 et tomber sous 2% d'ici mi-2025.

Alors que l'inflation alimente depuis des mois une sévère crise du coût de la vie dans le pays, le ministre britannique des Finances, Jeremy Hunt a dit avoir entamé un dialogue avec les différents acteurs du secteur de l'alimentation, dont les supermarchés et agriculteurs.

Le gouvernement "examine (...) ce que nous pouvons faire pour répercuter certaines des réductions de coûts sur les consommateurs aussi rapidement que possible", a-t-il assuré mercredi lors d'un événement du Wall Street Journal (WSJ) réunissant des décideurs économiques à Londres.

Les données sur l'inflation moins bonnes que prévu ont aussi "fait bondir les rendements des bons du trésor britanniques", remarque Victoria Scholar, analyste de Interactive Investor.

Le taux d'emprunt à dix ans du Royaume-Uni est ainsi monté mercredi jusqu'à plus de 4,3%, s'approchant des sommets atteints en octobre après la tempête financière provoquée par l'éphémère gouvernement de Liz Truss, qui avait affolé les marchés avec un budget aux dépenses massives et non financées.

Le taux à dix ans était retombé peu après 14H00 GMT mercredi autour de 4,2%. Les bons du Tésor à 30 ans étaient quant à eux montés à plus de 4,7% dans la matinée avant de retomber à 4,5% en milieu de journée.

Pour lutter contre les hausses de prix, la Banque d'Angleterre (BoE) a relevé ses taux d'intérêt à 12 reprises depuis fin 2021. Comme l'inflation a moins reculé que ce qu'elle espérait en avril, cela pourrait l'encourager à poursuivre dans la même direction, selon les économistes.

"Nous nous attendions" à ce que l'inflation baisse mais "il y a deux choses auxquelles nous devons être attentifs, l'une est (le prix de) l'alimentation et l'autre est l'inflation sous-jacente", a indiqué Andrew Bailey, gouverneur de la BoE, qui s'exprimait lui aussi mardi à l'événement du WSJ.

L'inflation sous-jacente, c'est à dire hors énergie et alimentation, est particulièrement scrutée par les banques centrales, et cet indicateur a augmenté à 6,8% en avril, contre 6,2% le mois précédent.

"Il est désormais très difficile d'imaginer que la Banque d'Angleterre ne relève pas ses taux d'intérêt de 4,50% à 4,75% en juin", estime Paul Dales, analyste chez Capital Economics.

Source: Actu Orange