Cannes 2023 : la Semaine de la critique consacre l’irrévérence du film malaisien " Tiger Stripes "
Zaffan (Zafreen Zairizal), dans « Tiger Stripes », d’Amanda Nell Eu. JOUR2FÊTE
C’est le premier palmarès du 76e Festival de Cannes. La Semaine de la critique, qui réunit les premiers et deuxièmes longs-métrages de jeunes auteurs que l’on retrouve, pour certains, en sélection officielle des années plus tard, s’est achevée mercredi 24 mai. En lice : onze films dont sept en compétition, retenus parmi un millier provenant du monde entier. Le jury, présidé cette année par la scénariste et réalisatrice Audrey Diwan, n’a semble-t-il pas longtemps hésité, attribuant à l’unanimité le Grand Prix à Tiger Stripes, de la Malaisienne Amanda Nell Eu.
Lire l’entretien avec Ava Cahen, déléguée générale de la Semaine de la critique : Article réservé à nos abonnés « Les films de la sélection sont marqués d’une forte empreinte politique » Ajouter à vos sélections Ajouter à vos sélections Pour ajouter l’article à vos sélections
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Ce choix distingue ouvertement l’inventivité, la liberté formelle et l’irrévérence. Dégagé des conventions du genre, le film prend, en effet, un malin plaisir à mêler horreur et humour, convoque le fantastique pour tenir un discours politique, saisit à rebrousse-poil la bienséance pour révéler, avec sauvagerie, le bouleversement que subissent les filles à leur puberté et la façon dont elles sont alors considérées.
Tiger Stripes raconte l’histoire d’une gamine de 12 ans, Zaffan, que l’on découvre dans le collège pour filles d’une petite communauté rurale de Malaisie. Rien ne distingue l’adolescente voilée de toutes les autres. Mais, dans son intimité, elle voit son corps se transformer, ses premières règles apparaître, son rapport aux autres se modifier. Un véritable chambardement que la réalisatrice prend au pied de la lettre, métamorphosant la jeune fille en une créature mi-tigre, mi-adolescente, monstre inspiré des mythes et légendes malaisiens, qui dotera Zaffran de puissance et de combativité, l’aidera à se dégager des principes rigides auxquels on cherche à la soumettre et, en femme forte, la mènera à son émancipation.
Jovan Ginic, Prix de la révélation
Créé en 2022, le prix French Touch, qui récompense tout particulièrement l’ « audace d’un geste cinématographique », est allé, lui, au premier long-métrage de la réalisatrice belge Paloma Sermon-Daï, Il pleut dans la maison. Dans la veine des frères Dardenne, le film suit un frère et une sœur livrés à eux-mêmes, dans une maison qui suinte l’humidité, en périphérie d’une petite ville de Belgique. La sœur rêve pour deux, veut devenir infirmière et, en attendant, fait le ménage dans un hôtel pour pouvoir prendre un studio avec son frère. Ce dernier, moins enclin à agir, occupe son temps par des jeux vidéo et quelques flâneries au bord d’un lac. Il ne se passe presque rien. Ces deux personnages impriment le film de leur présence chaleureuse et, déjà, un brin désabusée, à laquelle la réalisatrice accorde une attention fraternelle, pleine de tendresse, qui apporte à son réalisme une douce patine.
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Source: Le Monde