Ce matin, à la Bourse de Paris, " bulls " et " bears " ont des arguments à défendre

May 25, 2023
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Par Marjorie Encelot

Publié le 25 mai 2023 à 8:41 Mis à jour le 25 mai 2023 à 10:22

La Bourse de Paris est attendue sur une note stable, après une baisse de plus de 3% en trois jours. Ce matin, « bulls » et « bears » ont des arguments à défendre, contrairement au début de semaine. Si l’impasse des négociations sur le relèvement du plafond de la dette aux Etats-Unis continue d’alimenter le récit des baissiers (« bears »), les haussiers ont eu le plaisir de lire, hier soir, dans les minutes de la dernière réunion du comité de politique monétaire de la Fed, que « plusieurs » banquiers centraux américains estimaient qu’une nouvelle hausse des taux d’intérêt était rendue moins d’actualité par le ralentissement économique. Ils ont « globalement convenu » lors de la réunion des 2 et 3 mai que la nécessité de continuer le tour de vis monétaire était devenue « moins certaine ».

Ce ton plus assouplissant adopté par les responsables de la Réserve fédérale, les investisseurs ne le découvrent pas (le président de la Fed, Jerome Powell, l’avait déjà donné lors de la conférence de presse qui avait suivi la réunion de politique monétaire au cours de laquelle il avait été décidé de porter les taux directeurs à plus de 5%) mais les « bulls » ont été heureux de constater que les partisans d’une poursuite de la hausse des taux au sein du comité de politique monétaire étaient en minorité. « Certains » estiment que le ralentissement de l’inflation était d’une « lenteur inacceptable ».

Les arguments des haussiers s’appuient sur les anticipations de la fin du cycle de resserrement monétaire de la Fed, le constat de la désinflation, l’espoir d’un atterrissage en douceur de l’économie soutenu par un marché du travail encore solide, de meilleures tendances en matière de bénéfices des entreprises, la normalisation de la chaîne d'approvisionnement, les rachats par les entreprises de leurs propres actions, l'atténuation des tensions sur les banques régionales américaine, la résilience du marché de l'immobilier, des indicateurs de positionnement déprimés ou encore, pour le long terme, l’apport de l’intelligence artificielle pour booster de manière séculaire la croissance et la productivité (à noter que Nvida, l'un de grands gagnants de l'IA, est attendu sur un gain de plus de 25% à Wall Street, après avoir publiés des comptes trimestriels bien meilleurs que prévu). Les baissiers, pour leur part, doutent du fait que la hausse des taux soit terminée aux Etats-Unis au vu des pressions inflationnistes persistantes. Ils se concentrent sur les signaux de récession liés à l'inversion de la courbe des rendements, le resserrement des normes de prêt, les valorisations élevées des actions, la démondialisation, les tensions géopolitiques, une reprise chinoise décevante et, bien évidemment, l’absence d’un accord entre démocrates et républicains sur le relèvement du plafond de la dette.

La note de la dette américaine sous surveillance négative

Sans accord, le gouvernement des Etats-Unis ne sera plus en mesure d’honorer ses factures à partir du 1er juin, selon les calculs du Trésor. « Plusieurs signes indiquent que le marché est de plus en plus tendu », constate Jim Reid, stratégiste en chef chez Deutsche Bank. Les rendements des bons du Trésor arrivant à échéance début juin ont dépassé brièvement le seuil des 7%, un taux bien supérieur à celui des titres de plus court terme (environ 4%).

Lors d’une conférence de presse qui a eu lieu hier après la clôture de la Bourse de Paris, Kevin McCarthy, le président républicain de la Chambre des représentants, a déclaré aux journalistes : « Nous sommes encore très éloignés les uns des autres sur un certain nombre de points », sachant que les républicains réclament, pour accépter un relèvement du plafond de la dette, aujourd'hui fixé légalement à 31.4000 milliards de dollars, une coupe dans les dépenses, sociales surtout, sans toucher au budhet militaire. Kevin McCarthy a ajouté plus tard qu'il estimait toutefois qu’un accord pouvait encore être trouvé à temps et a déclaré que cela pourrait se produire au cours du week-end (ce qui laisserait le temps de la procédure au Congrès pour procéder au vote), mais jusqu'à présent, il n'y a pas eu de signes tangibles de progrès.

Après la clôture de Wall Street, hier soir, l'agence de notation Fitch a annoncé qu'elle avait placé la note AAA des États-Unis sous surveillance négative. Décision due à « une partisanerie politique accrue » pour refléter les risques croissants que « le gouvernement pourrait commencer à manquer à ses obligations de paiement. »

Les minutes de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed publiées hier montrent toutefois que les banquiers centraux américains sont prêts à agir si l'impasse sur le plafond de la dette venait à déstabiliser les marchés. « De nombreux participants ont indiqué qu'il était essentiel que le plafond de la dette soit relevé en temps voulu pour éviter le risque de perturbations graves dans le système financier et l'économie en général », peut-on lire dans les minutes. « Nous pensons que la Fed serait contrainte d'intervenir massivement pour sauver le Trésor du risque de perte d'accès au marché, écrivait en début de semaine Gilles Moec, chef économiste chez Axa. Il est toutefois douteux que la Fed puisse faire grand-chose pour remédier directement aux conséquences macroéconomiques négatives du report des dépenses non liées aux intérêts. »

« Les États-Unis pourraient ne pas être en mesure de se prémunir contre un défaut de paiement », estime Clifford Bennett, chez économiste pour le courtier en CFD et devises ACY Securities. « Les États-Unis sont un animal politique très différent de ce qu'il était il y a dix ans. Ils sont beaucoup plus polarisés et généralement plus agressifs. Le niveau d'endettement est absolument incontrôlable. »

Source: Investir