Yaël Braun-Pivet finalement prête à torpiller la PPL LIOT sur les retraites ?
EMMANUEL DUNAND / AFP EMMANUEL DUNAND / AFP
POLITIQUE - « Une pression de ouf ». Voilà comment une figure montante de la majorité décrivait ce mardi 23 mai au HuffPost la situation de Yaël Braun-Pivet. La présidente de l’Assemblée est ces jours-ci fortement invitée par les troupes Renaissance à utiliser sa position stratégique pour torpiller la proposition de loi (PPL) du groupe LIOT, voulant abroger le report de l’âge légal prévu dans la réforme des retraites, et qui donne des cauchemars à la Macronie.
Ce jeudi 25 mai, ces efforts ont semble-t-il porté leurs fruits. L’intéressée a fait savoir sur Sud Radio qu’elle serait prête à soulever l’irrecevabilité financière du texte - en dépit du fait que celui-ci avait déjà été jugé recevable lors d’un bureau de l’Assemblée nationale présidé par ses soins. « Je respecterai à chaque étape les prérogatives des uns et des autres et effectivement, dans l’hémicycle, c’est moi qui suis comptable de l’application de l’article 40 », a-t-elle averti à l’antenne, après avoir affirmé que la PPL LIOT était « de toute évidence » irrecevable et contraire à l’article 40. Des mots qu’elle avait déjà prononcés dans un entretien avec La Tribune la veille, estimant que la PPL était « un leurre pour les Français ».
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Autant de raisons pour lesquelles Yaël Braun-Pivet a appelé Éric Coquerel, président de la Commission des finances de l’Assemblée nationale et officiellement saisi sur le sujet, à définitivement enterrer la PPL.
« Il faudra quand même m’expliquer cette logique qui veut que le bureau de l’Assemblée présidé par Yaël Braun-Pivet valide cette proposition de loi y compris au titre de l’article 40 (art 89-1 du règlement) mais ensuite estime de façon aussi certaine qu’il me reviendrait de l’invalider », a répondu illico sur Twitter le député Insoumis, favorable à l’examen de la PPL.
Un changement de ton
Alors qu’il apparaît à ce stade improbable qu’Eric Coquerel soulève l’irrecevabilité du texte, la Macronie a trouvé une autre astuce pour contourner cet obstacle. Comme nous l’expliquions hier, l’idée discutée parmi les députés Renaissance serait de trouver une majorité lors de l’examen, avant le 8 juin, de la proposition de loi en Commission des affaires sociales, afin de supprimer uniquement l’article 1 du texte de LIOT : celui qui abroge le report de l’âge légal à 64 ans.
En cas de succès, le groupe LIOT présidé par Bertrand Pancher serait obligé de réintroduire cet article 1 par amendement lors de l’examen de la PPL en séance, prévu le 8 juin prochain. Et c’est à ce moment que Yaël Braun-Pivet invoquerait l’article 40 pour faire tomber le texte.
Alors qu’un doute subsistait sur sa volonté de se joindre à cette opération sabotage, la présidente de l’Assemblée nationale semble maintenant bien ouverte à cette hypothèse, puisqu’elle rappelle qu’elle pourrait avoir le dernier mot dans l’hémicycle. Jusqu’ici, Yaël Braun-Pivet semblait pourtant ne pas vouloir rouvrir la question de la recevabilité du texte.
« Je suis là pour présider l’Assemblée de la manière la plus respectueuse possible, sans instrumentaliser ma fonction à des fins politiques », déclarait-elle récemment au Figaro, alors que son refus de faire barrage à la proposition de loi du groupe LIOT faisait grincer des dents en Macronie.
Ce mercredi 24 mai, Le Monde assurait qu’elle refuserait d’être celle qui, depuis le perchoir, se chargerait de la basse besogne en assénant le coup de grâce à ce texte. « Elle ne veut pas qu’on piétine l’Assemblée nationale », expliquait son entourage. Or, la teneur des propos tenus ce jour laisse pourtant entendre qu’elle est prête à appuyer sur le bouton. Sollicitée par Le HuffPost, l’équipe de Yaël Braun-Pivet n’a, pour l’heure, pas donné suite.
« Danger pour la démocratie »
Ce changement de cap semble bien de nature à abîmer son image auprès des députés. « Yaël Braun-Pivet aurait pu être vraiment Présidente de l’Assemblée nationale. Défendre le Parlement contre un gouvernement à la dérive prêt à tout pour éviter un simple vote : y a-t-il une majorité pour cette contre-réforme des retraites ? Non ! Ces nouvelles manœuvres le démontrent », a déploré sur Twitter Sophie Taillé-Polian, vice-présidente du groupe écolo à l’Assemblée nationale.
« Une jurisprudence qui reviendrait à interdire toute proposition issue de l’Assemblée, à anesthésier la fonction de contre-pouvoir de l’Assemblée. Ce n’est pas anecdotique que le président de la Ve République appuie ce choix. Et c’est un danger pour la démocratie », a renchéri sa collègue EELV Sandra Regol. « Le Palais de l’Élysée exerce une pression telle sur la présidente de l’Assemblée Nationale qu’elle en vient à se dédire et à trahir sa fonction », accuse de son côté l’insoumise Raquel Garrido.
Des réactions qui traduisent l’inquiétude des oppositions, bien conscientes de la détermination des troupes macronistes de l’Assemblée à empêcher coûte que coûte le vote de la PPL LIOT. Un temps favorable à l’examen du texte au nom du « débat » qu’il provoquera, Emmanuel Macron est finalement moins enthousiaste. « Le Président l’a dit au moment où la question de la recevabilité n’existait pas encore. L’examen ne peut avoir lieu que sur un texte qui respecte la Constitution », démine son entourage cité par L’Opinion.
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Source: Le HuffPost