" Un mélange de colère et de dégoût "... Le handball abandonné par les collectivités ?

May 25, 2023
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« C’est un mélange entre la colère et le dégoût ». Après l’annonce de la fin de l’aventure professionnelle du Bordeaux-Bruges-Lormont, Jean-Paul Onillon, désormais ex-président de ce club de handball, apparaît largement amer. Et pour cause, voilà quelques jours que le BBL a officialisé sur ses réseaux « la fin de (son) équipe professionnelle ». Cela n’est pas la faute de résultats sportifs insuffisants pour conserver son statut. C’est plutôt du côté du « mensonge politique et des promesses non tenues » qu’il faut regarder pour trouver le coupable, toujours selon le communiqué officiel.

Promu en Proligue (l’équivalent de la deuxième division) la saison passée, le BBL termine l’exercice avec une honorable huitième position dans une poule qui compte 16 formations. « Au départ, on avait l’ambition de se maintenir, rembobine Jean-Paul Onillon. On l’a fait plus que facilement, puisque si on n’avait pas eu les 4 points de pénalité (infligé par le CNACG en mars dernier suite à des infractions au règlement financier de la LNH), on aurait été qualifiés en play-off et donc toujours en course pour une montée potentielle en première division. »

Même s’il admet volontiers l’utopisme d’une telle hypothèse, Jean-Paul Onillon pointe du doigt le manque de soutien de la part des collectivités. « Quand on regarde à Nantes ou à Montpellier, qui sont régulièrement en Ligue des champions, on voit qu’ils peuvent profiter d’un soutien de la part des villes ou des métropoles », regrette l’ancien dirigeant parisien.

Un club et des collectivités qui se renvoient la balle

À Bordeaux, Jean-Paul Onillon affirme ne pas avoir eu autant de chance. « Si je benchmarke tous les clubs de proligue, la moyenne des subventions est entre 650 et 700.000 €. Nous, en subvention pure, on a eu 120.000 € de la part de la Région et du département ». Rien donc de la part des communes que le club représentait et de la métropole. Largement montrée du doigt, la maire de Bruges, Brigitte Terraza, explique pourtant avoir été transparente depuis le début du projet : « Dès le départ, j’ai annoncé que la ville ne pourrait pas aider le club. Et la métropole n’a pas la compétence sport et n’a jamais souhaité la prendre. Par contre, pour les accompagner et mettre à disposition la salle, là oui, bien sûr. »

Le soutien a alors dû prendre une autre forme, et le club a demandé une liste des entreprises et des partenaires potentiels, afin de trouver les financements nécessaires. Terraza se défend : « J’ai fourni une liste des entreprises, et Jean Touzeau, le maire de Lormont, en a fait de même. Mais avec le Covid-19, tout le monde a réduit la voilure et l’argent se fait rare. Je n’allais pas appeler les chefs d’entreprise, les harceler ou que sais-je. Ce n’est pas ma façon de faire et je ne veux pas être redevable. J’ai fait ce qu’on m’a demandé. »

Des efforts « insuffisants » pour Jean-Paul Onillon, qui se tourne alors vers la métropole pour solliciter une aide exceptionnelle, « dont a pu profiter le club de football des Girondins de Bordeaux ». Mais là encore, le club ne reçoit pas le soutien espéré. Contactée par 20 Minutes, la métropole affirme qu’« aucun club sportif de la métropole ne bénéficie d’une subvention directe de la part de BM. Il n’est pas possible de créer un précédent sans autre justification que le constat d’un déficit budgétaire consécutif à une mauvaise estimation des recettes. » Et justifie l’aide exceptionnelle attribuée aux Girondins de Bordeaux : « Le FCGB est le club résident du stade Matmut et à ce titre, il doit une redevance à BM. Le paiement de cette redevance a fait l’objet d’un étalement, mais son montant reste dû. Il ne s’agit donc en aucun cas d’une subvention au club. » Face à ces refus, Jean-Paul Onillon regrette que « le sport de haut niveau à Bordeaux ne soit pas une priorité ».

« Nous nous devons d’en faire plus pour le sport »

Pourtant, voilà quelques jours que la mairie de la capitale girondine a lancé sa campagne de communication « Tant de sport à partager ». Si le football, le rugby ou encore le Tour de France ont largement été abordés lors de l’allocution du maire et de son adjoint chargé des sports, Mathieu Hazouard, le handball faisait visiblement partie des grands oubliés de cette campagne. Au moins dans le discours, puisque le BBL n’a pas fait d’apparition dans l’allocution des deux élus au moment des félicitations. Un oubli « tout à fait involontaire », selon l’adjoint bordelais.

Ce dernier d’ajouter : « C’est un dossier que je suis quotidiennement depuis le début, c’est profondément dommage que l’aventure s’arrête là. » Avant de se défendre face aux accusations lancées contre les collectivités, et de rappeler que la ville de Bordeaux « a permis au club de jouer à Jean Dauguet » au moment où celui-ci cherchait une salle pouvant l’accueillir après sa montée en Proligue. « Maintenant, la question de fond, c’est que nous nous devons d’en faire plus pour le sport », conclut-il. En attendant, Bordeaux devra patienter avant de goûter à nouveau au handball de très haut niveau.

Source: 20 Minutes