Une présence généralisée des pesticides dans les sols agricoles de France, selon une étude-pilote

May 25, 2023
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Un agriculteur prépare la terre de sa parcelle avant des semis, dans le Calvados, en février 2022. ED ALCOCK/MYOP POUR « LE MONDE »

Sur la question des pesticides, le travail législatif et réglementaire en cours à Bruxelles n’a jamais été aussi peu en phase avec l’actualité scientifique. Alors que le projet de règlement européen sur l’« usage durable » des agrotoxiques est encalminé au Parlement de Strasbourg, des chercheurs français publient, dans l’édition du 25 mai de la revue Environmental Science & Technology, la première étude-pilote conduite à l’échelle nationale, sur la présence de ces produits dans les sols agricoles de France.

Sur un échantillon d’une cinquantaine de sites, leurs résultats font suspecter une présence quasi généralisée d’une soixantaine de substances actives dans les terres arables, mais aussi sur des terrains n’ayant jamais été traités. Pour les chercheurs, la présence de tels produits dans les sols n’est en soi pas surprenante, mais leur rémanence, leur nombre et les concentrations mesurées sont « inattendus et inquiétants » avec des niveaux présentant fréquemment un risque pour les organismes du sol.

Un peu plus d’une centaine de molécules ont été recherchées sur 47 sites répartis sur le territoire français, sélectionnés parmi les quelque 2 200 lieux formant le Réseau de mesure de la qualité des sols, lancé voilà une vingtaine d’années et piloté par l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). Au moins une substance a été retrouvée sur 46 des 47 sites inclus dans l’étude, soit 98 %. En moyenne, 15 molécules différentes ont été détectées dans chaque échantillon, le maximum étant atteint avec 33 produits distincts sur un même site. Toutes les terres arables testées contenaient au moins sept substances différentes.

Un échantillon restreint

« C’est l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail] qui nous a demandé, en 2018, d’étudier la possibilité d’utiliser notre réseau de surveillance des sols à des fins de phytopharmacovigilance, raconte Claire Froger, chercheuse (Inrae) dans l’unité InfoSol d’Orléans et première autrice de ces travaux. Le budget alloué à ce travail nous a permis de sélectionner une cinquantaine de sites, principalement des parcelles de grandes cultures et, dans une moindre mesure, vignes et vergers, mais aussi des sites “témoins”, prairies et forêts n’ayant pas été traités. »

Réparti sur l’ensemble du territoire et représentant une diversité de caractéristiques, l’échantillon est cependant trop restreint pour permettre la généralisation à l’ensemble du territoire métropolitain, ajoute Mme Froger.

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Source: Le Monde