Festival de Cannes 2023 : Quentin Tarantino s'assoit avec le public pour regarder sa séance surprise
Le réalisateur américain était sur la Croisette ce jeudi 25 mai pour partager avec les festivaliers l'un de ses films fétiches : "Légitime violence" réalisé en 1977 par John Flynn.
Lorsque Quentin Tarantino vient au Festival de Cannes, c'est toujours un événement. Mais cette année, il ne figure ni dans le jury, ni dans la sélection officielle. C'est en tant que cinéphile qu'il a pris place dans la programmation de la Quinzaine des cinéastes avec un film surprise, suivi d'une conversation.
De nombreux spectateurs pour un film surprise
Une heure avant la projection, la file d'attente est longue. On en a profité pour demander aux spectateurs leurs attentes. Pour Nadine, fan absolue du réalisateur, "c'est un monstre de cinéma, donc on va forcément passer un moment extraordinaire, j'ai juste envie de me faire plaisir". Guillame lui, s'est acheté un tee-shirt avec son film préféré pour l'occasion. Il arbore les personnages de Pulp Fiction sur son torse, et pour la surprise, il imagine "un vieux film français, comme on est à Cannes, ça serait logique". On croise aussi un Niçois qui verrait bien un western, puis une touriste des Philippines qui est certaine que sera "bloody" (sanglant).
Un film souvenir de son enfance
Alors quelle est la fameuse surprise de Tarantino ? La réponse arrive quelques instants plus tard dans la salle du Théâtre Croisette pleine à craquer. Chemise noire, jeans, baskets, Quentin Tarantino arrive en toute décontraction et monte sur scène avec un grand sourire. "C'est tellement bien d'être ici, j'adore Cannes !", s'exclame-t-il. Avant d'annoncer la couleur : Légitime Violence (Rolling Thunder), un film de 1977 réalisé par John Flynn, scénario de Paul Schrader avec William Devane, Tommy Lee Jones et Linda Haynes.
Un long métrage en 35 mm, format chéri de cet amoureux de la pellicule, qui raconte la vengeance d'un commandant de l'armée américaine. Alors qu'il revient d'un emprisonnement de huit ans durant la guerre du Vietnam, le major Charles Rane reçoit en remerciement de son engagement une caisse remplie de dollars. Une bande de voleurs y voit l'occasion de s'enrichir. Ils attaquent sa maison, lui broient la main et tuent son fils et sa femme. Rane s'engage dès lors dans un processus de violence où chaque criminel concerné devra le payer de sa vie.
Un sujet sanglant comme les aime Tarantino et qui a sans aucun doute marqué sa carrière cinématographique. "Je n'avais que quatorze ans quand j'ai découvert ce film à Los Angeles et je l'ai tout de suite adoré ! Alors régalez-vous, si vous voulez crier ou hurler pendant les coups de feux, allez-y, lâchez-vous !", lance-t-il. Message reçu, les spectateurs se réjouissent avec grand bruit à chaque balle envoyée.
Et comme Tarantino aime être au plus près du public, c'est au milieu de la salle qu'il a profité de la projection. Lors de sa master class qui suit le film, il confie avoir redécouvert des scènes qu'il avait oubliées.
Tarantino et le Festival de Cannes
Si aujourd'hui, Quentin Tarantino est un peu le chouchou des grands festivals français de cinéma, cela n'a pas toujours été le cas. "La relation entre Quentin Tarantino et la Quinzaine commence par un rendez-vous manqué", rappelle Julien Rejl, le délégué général de la Quinzaine des cinéastes depuis 2022. En effet en 1992, Reservoir Dogs est envoyé à Cannes et la Quinzaine passe à côté. À l'époque, l'équipe ne sélectionne pas son film. C'est pourtant la seule compétition qui intéressait le réalisateur aujourd'hui mondialement connu. Depuis, la Croisette a rattrapé le coup. En 1994 il reçoit la Palme d'or pour son film Pulp Fiction. Et en 2004, il préside la sélection officielle qui récompensera Fahrenheit 9/11 de Michael Moore.
Séance de rattrapage totalement réussie pour la Quinzaine, à la fin de la projection le public est debout pour acclamer le réalisateur qui vient de publier Cinéma Spéculations, un essai théorique sur le cinéma des années 1970.
Source: franceinfo