Le changement climatique pourrait déclencher de gigantesques tsunamis meurtriers en Antarctique
Le changement climatique pourrait déclencher de gigantesques tsunamis meurtriers en Antarctique
Par l’édition du soir
Avec le réchauffement climatique, des tsunamis meurtriers risquent de se multiplier dans l’hémisphère Sud. Une étude scientifique récente détaille plus précisément comment et pourquoi.
C’est un scénario assez apocalyptique. De gigantesques tsunamis, avec des conséquences potentiellement meurtrières, risquent de se déclencher en Antarctique et de déferler sur les côtes d’Amérique du Sud, de Nouvelle-Zélande et d’Asie du Sud-Est. D’après une étude publiée le 18 mai 2023 dans la revue Nature Communications, ce scénario catastrophe qui semble se profiler est lié au changement climatique. D’après les scientifiques, ces tsunamis seraient déclenchés par des glissements de terrain sous-marins, « sensibles aux perturbations climatiques ».
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Pour arriver à cette hypothèse, ils sont allés forer sous le plancher océanique de l’Antarctique et y ont extrait des carottes de sédiments qui montrent l’histoire géologique de la zone. En analysant ces échantillons de croûte terrestre, les scientifiques ont trouvé des preuves de glissements de terrain sous-marins très anciens, à des époques où les températures de l’Antarctique étaient jusqu’à 3 °C supérieures à celles d’aujourd’hui, le niveau de la mer était plus élevé et les nappes glaciaires étaient beaucoup plus petites.
Il y a des millions d’années, de très anciens tsunamis provenant du pôle Sud ont déferlé notamment sur la Nouvelle-Zélande. L’ampleur et la taille des vagues ne sont pas connues. « Des glissements de terrain sous-marins géants se sont produits sur les marges continentales des hautes latitudes sud et nord, y compris les marges continentales de l’Antarctique et de la Norvège », explique l’un des coauteurs de l’étude.
Pour s’en faire une idée, les scientifiques évoquent deux glissements de terrain sous-marins qui ont généré d’énormes tsunamis et des dégâts humains et matériels importants au XXᵉ siècle : un premier en 1929 au large du Canada qui a tué des résidents le long de la côte de Terre-Neuve et a touché la côte du Portugal, causant des dommages économiques importants en coupant les câbles de télécommunications transatlantiques. Un second, en 1998 : un glissement de terrain sous-marin près de la Papouasie-Nouvelle-Guinée a généré des vagues géantes qui ont tué 2 200 personnes.
Des risques de marées noires ?
Alors que nous vivons une période de réchauffement climatique et de montée des eaux, l’histoire ancienne pourrait bien se répéter, voire s’accentuer. Les chercheurs pensent en effet que les futurs événements sismiques au large des côtes de l’Antarctique pourraient causer des tsunamis atteignant les côtes d’Amérique du Sud, de Nouvelle-Zélande et de l’Asie du Sud-Est. « Le réchauffement climatique en cours et futur peut augmenter la probabilité (ou la fréquence) de glissements de terrain sous-marins à haute latitude et de tsunamis associés », affirment les auteurs de l’étude.
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Au-delà des vies en danger, ces glissements de terrain sous-marin risquent aussi de provoquer des marées noires. Dans un article publié en 2020 dans le magazine américain National Geographic, des sismologues alertaient sur le fait que les plateformes gazières et pétrolières ainsi que la multitude de pipelines installés dans les océans peuvent potentiellement être menacées. Dans le golfe du Mexique par exemple, « il n’est pas impossible qu’une plateforme soit détruite par un glissement de terrain. C’est déjà arrivé. De même, il n’est pas impossible que cela provoque un déversement d’hydrocarbures extrêmement difficile à contrôler. C’est déjà arrivé aussi », déclarait Ian MacDonald, professeur d’océanographie à l’université d’État de Floride.
Source: L'édition du soir