Roland-Garros : l’art du rebond de Yannick Noah

May 27, 2023
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Yannick Noah, à Trente (Italie), le 25 septembre 2022. PIERRE TEYSSOT / MAXPPP

Cette année, à Roland-Garros, la mode est au polo blanc teinté de jaune pâle. Le tennisman français Lucas Pouille, ancien numéro 10 mondial redescendu au 670e rang après avoir traversé une dépression, vient de se hisser dans le tableau principal du tournoi du Grand Chelem par la route ardue des qualifications. Sur le court, il portait une tenue rappelant celle de Yannick Noah, le jour de son sacre sur la terre battue parisienne, le 5 juin 1983.

La dédicace est signée Le Coq sportif, leur équipementier commun, pour le 40e anniversaire de cette victoire, la dernière d’un Français en simple masculin porte d’Auteuil ; trente-sept ans s’étaient déjà écoulés entre celle-ci et celle de son prédécesseur direct, un certain Marcel Bernard en 1946. Une oasis dans le désert.

« Quand je repense à sa victoire, j’avais 4 ans, ça m’apporte beaucoup d’émotions (…). [Yannick Noah] m’a fait aimer le tennis. Me retrouver directrice du tournoi pour fêter un anniversaire de son sacre, c’est une fierté et un grand plaisir pour moi », a expliqué Amélie Mauresmo. Samedi 27 mai, le tennisman chanteur donne un concert sur le court Philippe Chatrier et, le lendemain, au premier jour de de l’édition 2023, une fresque à son effigie sera dévoilée.

Il n’a jamais paru aussi compliqué d’apporter une réponse à la sempiternelle question autour du nom de son héritier au palmarès. Jo-Wilfried Tsonga a pris sa retraite, Gaël Monfils ne va pas tarder à l’imiter… et aucun de leurs compatriotes ne figure actuellement parmi les trente meilleurs mondiaux. Les années passent, Noah, lui, perdure à travers les générations.

A l’époque où le court central de Roland-Garros avait été envahi par une marée humaine pour célébrer le joueur aux dreadlocks et au poignet éponge rasta, Fary n’était pas encore né. Pourtant, l’artiste qui produira cet été son spectacle dans ce même stade, place l’exploit de l’ancien tennisman à la hauteur de celui de « [l’équipe de] France [de football] 1998 » au patrimoine national. « [Noah] est on ne peut plus français dans ce qu’il a représenté dans l’histoire du sport, et, en même temps, il cristallise un débat qui est celui des enfants de l’immigration », relève l’humoriste, interviewé par le magazine 40-A.

« 50 millions de Noah ! »

Au début des années 1980, le sport français se cherche des champions. Et le charismatique Franco-Camerounais a réussi à fédérer le public avant même de gagner le tournoi du Grand Chelem. Le titre en « une » du journal L’Equipe, samedi 4 juin 1983, la veille de la fameuse finale face au Suédois Mats Wilander, l’illustre : « 50 millions de Noah ! ».

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Source: Le Monde