Allemagne : un concert de l’ex-Pink Floyd, Roger Waters, provoque l’ouverture d’une enquête pour des soupçons d’incitation à la haine

May 27, 2023
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Des personnes manifestent devant l’Olympiahalle de Munich avant le concert de Roger Waters, cofondateur de Pink Floyd, le 21 mai 2023. La pancarte indique « Pas de scène pour l’antisémitisme - Nous n’avons pas besoin de votre éducation ! », en référence au titre phare du groupe. ANGELIKA WARMUTH / DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP

La police allemande a ouvert une enquête sur des provocations présumées lors d’un récent concert de l’ex-membre du groupe de rock Pink Floyd, Roger Waters, arborant notamment une tenue évoquant un officier SS.

« Nous enquêtons sur des soupçons d’incitation à la haine car les vêtements portés sur scène sont susceptibles de glorifier ou de justifier le régime national-socialiste et de troubler la paix publique », a déclaré, vendredi 26 mai, à l’Agence France-Presse, un porte-parole de la police berlinoise, Martin Halweg.

Des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent notamment Waters vêtu d’un long manteau noir et de brassards rouges lors d’un concert le 17 mai sur la scène de la salle Mercedes-Benz Arena à Berlin.

Great news! Berlin police have launched a criminal investigation into Roger Waters following his concert in which he dressed like a Nazi SS officer holding a gun and denigrated the murder of Anne Frank.

Shockingly @AMCTheatres is promoting Waters currently. pic.twitter.com/6AlIHMmbR2 — StopAntisemitism (@StopAntisemites) May 25, 2023

Plusieurs médias allemands et israéliens évoquent aussi les inscriptions, en lettres rouges sur un écran durant le concert, des noms d’Anne Frank, l’adolescente juive morte dans un camp de concentration nazi, et de Shireen Abu Akleh, journaliste palestino-américaine de la chaîne Al-Jazira tuée lors d’un raid israélien en mai 2022. Un parallèle qui, pour les critiques, relative l’horreur de l’Holocauste.

La mémoire d’Anne Frank « souillée »

« Malheureusement, les procédures judiciaires engagées contre lui ont jusqu’à présent tourné en sa faveur − bien qu’il propage l’antisémitisme et qu’il soit soupçonné d’incitation à la haine », a réagi le délégué à la lutte contre l’antisémitisme, Felix Klein, auprès des journaux du groupe Funke. Mais « j’en appelle à la vigilance de la police et de la justice et j’encourage d’autres dénonciations », ajoute M. Klein.

« Nous enquêtons et une fois la procédure terminée, nous la transmettrons au ministère public pour une dernière évaluation juridique », a, de son côté, précisé le porte-parole de la police, soulignant qu’il reviendrait au parquet d’engager d’éventuelles poursuites.

Roger Waters en concert à Los Angeles, le 27 septembre 2022. MARIO ANZUONI / REUTERS

Le concert a suscité de vives critiques en Israël. Le ministère des affaires étrangères israélien a ainsi reproché, mercredi, à Waters d’avoir « souillé la mémoire d’Anne Frank et des six millions de Juifs assassinés pendant l’Holocauste ».

« Waters veut comparer Israël aux nazis ». Il est « l’un des plus grands détracteurs des Juifs de notre époque », a réagi, sur Twitter, l’ambassadeur israélien aux Nations unies (ONU), Danny Danon.

Une « déclaration d’opposition au fascisme, à l’injustice et au sectarisme », selon Waters

Rogers Waters, 79 ans, est souvent accusé d’avoir des opinions anti-juives. Il a fait flotter un cochon gonflable arborant l’étoile de David lors de ses concerts. Le chanteur du mythique Another Brick In The Wall nie les accusations d’antisémitisme, affirmant qu’il proteste contre la politique israélienne et non contre le peuple juif.

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Il a réagi vendredi sur Twitter en postant un message dans lequel il fustige les critiques qui l’ont visé. « Ma récente prestation à Berlin a suscité des attaques de mauvaise foi de la part de ceux qui veulent me salir et me faire taire parce qu’ils ne sont pas d’accord avec mes opinions politiques et mes principes moraux », déclare-t-il.

« Les éléments de mon spectacle qui ont été remis en question sont très clairement une déclaration d’opposition au fascisme, à l’injustice et au sectarisme sous toutes ses formes », explique-t-il, ajoutant qu’il a passé « toute [s]a vie à [s]’élever contre l’autoritarisme et l’oppression » et que « la représentation d’un démagogue fasciste déséquilibré fait partie de [s]on spectacle depuis “The Wall” de Pink Floyd en 1980 ».

« Mes parents ont combattu les nazis pendant la seconde guerre mondiale, mon père le payant au prix ultime », rappelle-t-il, son père, lieutenant de l’armée britannique, étant mort pendant une opération militaire en 1944.

Manifestation prévue à Francfort

Waters s’est illustré ces dernières années par des prises de position controversés, notamment sur la guerre en Ukraine. « Il n’est pas vrai que l’invasion russe de l’Ukraine ait été non provoquée », avait notamment lancé l’ex-Pink Floyd, le 8 février, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, où il avait été invité par la Russie à s’exprimer.

Il défend aussi des actions de boycott des produits israéliens au nom de la défense de la cause palestinienne.

Les autorités de Francfort ont annulé un concert du chanteur britannique le 28 mai, mais la décision a été annulée par un tribunal administratif au nom de la liberté d’expression. Une manifestation contre un nouveau concert de Roger Waters en Allemagne, dimanche à Francfort, est également prévue à l’appel de la communauté juive locale et du parti des Verts notamment.

Le Monde avec AFP

Source: Le Monde