"Il montait vite dans les tours...": on est retourné dans l’immeuble de l’homme qui a piégé son appartement avec un explosif à Cagnes-sur-Mer

May 27, 2023
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Vu de l’extérieur, difficile d’imaginer la journée passée, la veille, par les habitants du 20, avenue des Bréguières, à Cagnes-sur-Mer. Non loin du bord de mer, cette rue relativement étroite était très calme, ce vendredi 26 mai 2023 en fin de matinée. Et l’immeuble évacué moins de 24 heures plus tôt, tout autant.

Jeudi en début d’après-midi, les riverains ont été priés de quitter leur logement pour un potentiel risque d’explosion. Arrêté et placé en garde à vue, un homme de 56 ans avait préparé "un dispositif explosif constitué d’un déclencheur, d’un jerrican de gasoil et d’une bombonne de gaz, relié à la porte". Fort heureusement, le site a pu être sécurisé pour permettre aux habitants de rentrer chez eux aux alentours de 19h30. Soit près de cinq heures à attendre dans la rue ou la cour intérieure.

Au lendemain des faits, ils ne semblaient pas spécialement troublés par cette demi-journée. "C’était quel appartement?, interroge Eric (1), croisé sur place. Ah oui, on m’a dit que c’était celui (l’homme) qui faisait l’animation pendant le confinement. C’était mon voisin de couloir, mais on se croisait simplement."

"Il aimait bien emmerder"

Un prénommé Marcel, dont la porte d’entrée et le balcon sont colorés par un drapeau français. Une porte d’entrée d’ailleurs visiblement affaiblie, probablement en raison de l’intervention des démineurs. "Je ne sais pas comment le caractériser, hésite d’abord Marilyne (1), qui dit l’avoir côtoyé assez fréquemment. C’était un ancien gilet jaune, très investi. On se retrouvait sur son balcon pour applaudir les soignants pendant la pandémie. Quand je n’avais pas de masques, il m’en a donné. Avec moi ça allait…"

Mais son comportement est décrit comme changeant par cette même voisine: "Il montait vite dans les tours, il était sanguin. Il s’engueulait avec tout le monde. Lui, c’était un peu ‘‘qui peut le meilleur peut le pire’’. Ils pouvaient parler avec les gens, mais ça lui arrivait aussi de mettre sa sono forte quand il partait. Il aimait bien emmerder."

"Il disait vouloir refaire sa vie"

"Il harcelait les femmes, il disait des méchancetés", lance une autre voisine. Un comportement qui n’a pas échappé à Marilyne, qui lâche: "Il travaillait dans un magasin de matériaux, je pense qu’il ne posait pas de problème dans le boulot. Mais il lui fallait des femmes, une jeune a été harcelée."

Problèmes financiers? Différends avec des voisins? Instabilité psychologique ? Difficile de savoir ce qui a pu pousser ce quinquagénaire à agir de la sorte. Assez peu de monde l’aurait vu dans les parages ces dernières semaines. Compliqué, donc, d’identifier une attitude potentiellement changeante. "Il disait vouloir aller refaire sa vie en Afrique, croit savoir Marilyne. Il y était parti quatre mois et était revenu il y a une quinzaine de jours. Est-ce qu’il a pris du recul sur des choses là-bas?"

Pour rappel, l’homme a été placé en garde à vue pour "tentative de destruction d’un bien par un moyen dangereux pour les personnes", "tentative d’assassinat sur personne dépositaire de l’autorité publique" et "tentative de meurtre d’un officier public ou ministériel." Selon la procédure, il devrait rester en garde à vue pendant 48 hures avant, probablement, d’être déféré ce samedi devant la justice (2). La sûreté départementale de Nice est chargée de l’enquête.

1. Les prénoms ont été modifiés.

2. Contacté, le parquet de Grasse n’a pas donné suite à nos sollicitations.

Source: Nice matin