Compter les oiseaux dans votre jardin ce week-end, c’est déjà un peu les sauver
© Alexis Orceau / LPO © Alexis Orceau / LPO
OISEAUX - Les oiseaux ont besoin de vous ! Ce samedi 27 et dimanche 28 mai, c’est le comptage national des oiseaux des jardins. L’évènement est organisé pour la onzième fois par le Muséum national d’Histoire naturelle et par l’association de la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), qui œuvre en faveur de la nature et de la biodiversité. Une initiative bienvenue alors que 800 millions d’oiseaux ont disparu en quarante ans en Europe.
Ce comptage national des oiseaux de jardins a pour but de « collecter des données en très grand nombre sur tout le territoire et de sensibiliser la population à la protection des oiseaux » a confié au HuffPost la chargée du programme Marjorie Poitevin. Depuis la campagne ou la ville, le projet est accessible à tous. Il suffit de prendre une heure sur son week-end afin d’observer et de compter les oiseaux depuis son jardin, son balcon, sa fenêtre ou bien même d’un parc.
En amont, il faut s’inscrire sur le site et renseigner en quelques clics des informations sur le lieu d’observation : sur l’usage ou non de pesticides, la potentielle présence de chats, les types de végétaux présents… Une fois le comptage réalisé, il reste à recenser le nombre d’oiseaux appartenant à chaque espèce observée.
Accessibilité et fiabilité
Julie Cunego, professeure des écoles, est une habituée de ces comptages auxquels elle participe depuis trois ans. Pour elle, ces moments allient l’utile à l’agréable. « J’aime passer du temps à observer les oiseaux, les écouter et les identifier. Ce qui me plaît lors du comptage, c’est vraiment de faire des sciences participatives et de pouvoir aider à mon modeste niveau » explique-t-elle au HuffPost.
Et pour cela, il n’y a pas besoin d’être un spécialiste des oiseaux. Le comptage national est destiné aux particuliers « et je pense que c’est accessible à tous, avec un peu d’entraînement » déclare Julie Cunego. Et en effet, sur les 28 600 participants de l’édition 2022, la plupart sont loin d’être professionnels du sujet.
Mais pas de panique, car la LPO met à disposition des fiches espèces illustrées pour s’y retrouver. « On échange aussi beaucoup avec nos participants par mail en cas de question » révèle Marjorie Poitevin. De plus, des spécialistes de la LPO vérifient ensuite les informations et recontactent certains membres si besoin pour obtenir des éclaircissements.
Enfin, lors de l’utilisation des données dans les recherches scientifiques, les experts identifient facilement les confusions et les écartent de leurs calculs. Marjorie Poitevin reconnaît qu’il « reste des coquilles dans les données. Mais c’est une minorité et c’est le principe des sciences participatives : peu importe s’il y a quelques erreurs, elles sont plongées dans une masse de données et ne faussent pas pour autant les recherches et conclusions scientifiques ».
Pourquoi observer les oiseaux de son jardin ?
L’Observatoire des Oiseaux de Jardins est le seul organisme qui mène des études sur ces populations. Mais il repose uniquement sur les participations des particuliers. « Sans eux, on n’aurait pas cette quantité, cette qualité et cette répartition de données. Elles servent ensuite à établir des tendances fiables d’évolution des oiseaux des jardins » explique Marjorie Poitevin.
En dix ans plus de 6,3 millions de données ont été ainsi collectées. C’est à partir de celles-ci que « les scientifiques peuvent établir des tendances fiables d’évolution des oiseaux dans les jardins ». Ainsi, deux bilans ont été tirés, en distinguant les oiseaux hivernants, comptés chaque dernier week-end de janvier, des oiseaux nicheurs, comptés le dernier week-end de mai.
Il en ressort que, sur dix ans d’observation nationale des oiseaux de jardins, 41 % des espèces sont en déclins durant le printemps. Et ce, alors même que ce moment est crucial car il correspond à la période de reproduction.
Cela s’explique par le manque de nourriture qui frappe les oiseaux à cette saison. Eux et leurs petits ne se nourrissent alors que d’insectes, dont la population disparaît avec l’utilisation croissante d’insecticides à ce moment de l’année. Si cela est dramatique pour toutes les espèces, certaines sont plus touchées que d’autres. « On a observé un déclin de 46 % des martinets noirs dans les jardins depuis 2013. Les hirondelles, les merles et les verdiers d’Europe sont eux aussi particulièrement en danger » confie Marjorie Poitevin.
Elle précise aussi que si la tendance semble s’inverser en hiver sur la lecture des graphiques, « il ne faut pas se méprendre : la situation ne s’arrange pas pour autant ». C’est simplement que les oiseaux sont davantage présents dans les jardins à cette saison. Du fait de la migration, mais aussi parce qu’ils se réfugient dans la végétation et les mangeoires des jardins pour se nourrir, puisqu’il n’y a plus rien dans les champs.
Ces données coïncident avec les informations obtenues par les ornithologues sur les autres types d’oiseaux, qu’ils soient marins ou agricoles, et permettent donc de confirmer que les oiseaux disparaissent de plus en plus en France, et plus globalement en Europe.
Compter, c’est donc déjà les aider. Mais d’autres mesures peuvent être mises en place si besoin. Marjorie Poitevin conseille de leur laisser des points d’eau pour faire face à la sécherese. Elle souligne aussi l’importance de ne pas tailler les haies, sources de nourriture et d’abris, et de ne pas tondre sa pelouse d’un coup, afin de laisser des zones plus sauvages remplies de biodiversité.
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Source: Le HuffPost