Sabotage des gazoducs Nord Stream : ces pistes qui mènent à l’Ukraine

May 27, 2023
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Une première piste sérieuse, six mois après les faits ? Selon l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, plusieurs indices pointeraient vers une responsabilité ukrainienne dans le sabotage des deux gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne.

Fin septembre, quatre explosions ayant entraîné des fuites ont touché ces énormes infrastructures construites pour acheminer du gaz russe en Europe. Rapidement, l’enquête - menée par l’Allemagne, la Suède et le Danemark - s’était orientée vers l’hypothèse d’un sabotage d’État, sans que les responsabilités ne soient établies.

Selon Der Spiegel, les investigations policières se concentrent actuellement sur un voilier, l’« Andromède », perquisitionné il y a quelques mois. Il serait susceptible d’avoir servi au transport des explosifs utilisés pour le sabotage en mer Baltique.

La location en lien avec l’Ukraine

Or, des métadonnées d’un mail envoyé au moment de la location du voilier mèneraient à l’Ukraine. En début de semaine, d’autres médias allemands, membres d’un consortium international de journalistes, ont remonté le fil de la location du bateau, effectué par une société polonaise qui serait en fait détenue par des Ukrainiens.

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Un ancien militaire parmi les passagers

Les enquêteurs explorent aussi une piste « dans les milieux militaires ukrainiens », selon les médias Süddeutsche Zeitung, RND et WDR. D’après les investigations en cours, le voilier serait parti de Rostock, port du nord de l’Allemagne, le 6 septembre avec une équipe de six personnes à bord, dont des plongeurs et un médecin. L’un des passagers, doté d’un passeport roumain, « s’est révélé être un ressortissant ukrainien », qui « aurait servi dans le passé dans une unité d’infanterie ».

Des traces d’octogène

Par ailleurs, des traces d’un explosif appelé octogène, « très répandu tant à l’Ouest que dans l’ancien bloc de l’Est », auraient été découvertes sur ce bateau. Tous ces indices « concordent avec les estimations de plusieurs services de renseignement, selon lesquelles les auteurs seraient à chercher en Ukraine », résume le Spiegel.

Les précédentes pistes

Le New York Times avait affirmé début mars, sur la base d’informations émanant du renseignement américain, qu’un « groupe pro-ukrainien » serait à l’origine du sabotage.

La presse danoise avait, de son côté, fait état fin avril de la présence d’un navire de la Marine russe spécialisé dans les opérations sous-marines à proximité des lieux des sabotages peu avant les explosions.

Le gouvernement serait-il impliqué ?

Une question demeure cependant : l’acte a-t-il été « exécuté par un commando incontrôlé ou par les services secrets ukrainiens », s’interroge l’hebdomadaire allemand Der Spiegel. En clair, une partie du gouvernement ukrainien était-elle au courant de cette attaque ?

En mars, le New York Times précisait que les informations consultées par le renseignement américain ne permettaient « aucune conclusion ferme » et laissaient « ouverte la possibilité que l’opération ait été lancée en secret par une force tierce ayant des liens au sein du gouvernement ukrainien ou ses services de sécurité ».

Ce jeudi, la Russie s’est agacée du manque de résultat des investigations. Elle a convoqué les ambassadeurs d’Allemagne, du Danemark et de Suède au ministère russe des Affaires étrangères pour leur faire part d’une « vive protestation contre l’absence totale de résultat des enquêtes nationales prétendument menées par les autorités de ces pays », a indiqué la diplomatie russe dans un communiqué.

Source: Le Parisien