Kosovo : incidents dans le nord du pays, l'armée serbe en "état d'alerte maximale"

May 27, 2023
444 views

La police kosovare a dispersé vendredi à l’aide de gaz lacrymogène des Serbes qui protestaient contre la prise de fonctions de maires albanais dans le nord du Kosovo, une région de cette ancienne province de Serbie où ils sont majoritaires. En réponse, le président serbe, Aleksandar Vucic, a donné l'ordre à l'armée de se placer en "état d'alerte maximale".

La police kosovare utilise des gaz lacrymogènes pour disperser des Serbes rassemblés devant un bâtiment municipal, le 26 mai 2023.

Publicité Lire la suite

Le président serbe Aleksandar Vucic a donné l'ordre, vendredi 26 mai, à l'armée de se placer en "état d'alerte maximale", comme cela est arrivé à de multiples reprises ces dernières années, en raison des tensions avec le Kosovo. Plus tôt dans la journée, des heurts avaient éclaté entre la police et des manifestants serbes dans une ville du nord du Kosovo à majorité serbe. Ces derniers protestaient contre la prise de fonction de maires albanais dans cette région frontalière.

Ces édiles ont été désignés à l'issue des élections locales organisées par les autorités kosovares le 23 avril dans quatre municipalités en majorité peuplées de Serbes qui ont très largement boycotté ce scrutin : seuls quelque 1 500 électeurs, sur environ 45 000 inscrits, y ont pris part.

Le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, a "condamné fermement" la décision des autorités kosovares de désigner ces édiles malgré les mises en gardes de l'Union européenne et des États-Unis. "Ces mesures ont exacerbé gratuitement les tensions, sapant nos efforts pour normaliser les relations entre le Kosovo et la Serbie, et auront des conséquences dans nos relations bilatérales avec le Kosovo", a déclaré Antony Blinken dans un communiqué.

Les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne ont également appelé le Kosovo "à revenir immédiatement sur leur décision" et "à calmer la situation".

Dans un communiqué commun, ces États ont dit être "préoccupés par la décision de la Serbie de relever le niveau de préparation de ses forces armées à la frontière avec le Kosovo". Ils ont appelé "toutes les parties à la plus grande retenue, en évitant les discours incendiaires".

Plusieurs blessés

Selon une journaliste de l'AFP, des échauffourées entre les manifestants serbes et la police ont eu lieu d'abord devant la mairie de Zvecan. Les forces de l'ordre ont tiré du gaz lacrymogène pour repousser les protestataires, tandis que des déflagrations ont été provoquées par des grenades assourdissantes.

Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on entend également des coups de feu.

Une dizaine de personnes ont été légèrement blessées et ont reçu des soins médicaux dans un hôpital de la partie nord de la ville divisée de Mitrovica, a déclaré la directrice adjointe de cet établissement, Danica Radomirovic, citée par des médias kosovars. Au moins une voiture de la police a été endommagée, selon les mêmes sources.

Les forces de l'ordre ont également fait usage de gaz lacrymogène pour disperser les manifestants dans deux autres municipalités, Leposavic et Zubin Potok, a rapporté la télévision nationale serbe (RTS). Des Serbes ont érigé des barricades près de Leposavic, a ajouté la RTS.

Une "association de municipalités serbes"

À Belgrade, le président serbe Aleksandar Vucic a donné l'ordre à l'armée de se placer en "état d'alerte maximale" et aussi de se "mettre en mouvement" dans la direction de la frontière avec cette ancienne province serbe, a annoncé la RTS.

La police kosovare n'a pas fait de commentaires sur les derniers incidents, confirmant seulement dans un communiqué avoir assisté les nouveaux maires dans la prise de leurs fonctions dans trois des quatre municipalités concernées.

Les poussées de fièvre sont fréquentes dans le nord du Kosovo, une ancienne province serbe qui a proclamé en 2008 son indépendance, jamais reconnue par la Serbie.

Les Serbes y sont encouragés par Belgrade à défier les autorités kosovares, qui cherchent quant à elles à asseoir leur souveraineté sur l'ensemble du territoire.

Les élections municipales se sont déroulées un peu plus d'un mois après l'annonce par l'Union européenne d'un accord sur la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina au cours d'une réunion à Ohrid, en Macédoine du Nord, mais que les deux parties n'ont pas signé.

Pour avancer dans ce dialogue, Belgrade réclame la mise en place d'une "association de municipalités serbes", qui jouirait d'une sorte d'autonomie et regrouperait quelque 120 000 Serbes du Kosovo, un pays peuplé d'1,8 million d'habitants, très majoritairement albanais.

Avec AFP

Le résumé de la semaineFrance 24 vous propose de revenir sur les actualités qui ont marqué la semaine Je m'abonne

Source: FRANCE 24