A l’IHU de Marseille, l’empoisonnant héritage de Didier Raoult

May 28, 2023
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« C’est une tentative de sabordage. » Valérie Verdier, présidente-directrice générale de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), une des structures fondatrices de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection, soupire à l’évocation de l’étude sur l’efficacité de l’hydroxychloroquine, rendue publique le 4 avril par le professeur Didier Raoult. Comme Eric Berton, président d’Aix-Marseille Université (AMU), ou François Crémieux, directeur général des hôpitaux universitaires de Marseille (AP-HM), autres membres du conseil d’administration de l’IHU, elle voit dans la mise en ligne, en preprint, de cette analyse cosignée par plusieurs hauts cadres de l’institut un « mauvais coup ». « Cela nous fait reculer d’une case, au moment où l’on cherche tous à redonner sa légitimité scientifique à l’IHU », déplore Eric Berton. « Le contexte fait que tout ce que dit Didier Raoult continue à être associé à l’institut », constate, à regret, le patron de l’AP-HM.

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Neuf mois après son départ de la direction de la Fondation Méditerranée Infection, structure mère de l’IHU, et la décision de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) d’interdire toute recherche clinique au sein de l’institut qu’il pilotait, à la suite d’une première inspection en 2022, le retraité Raoult est toujours dans les murs. « Un sparadrap », glisse un chercheur. Une épine plutôt, dont la présence pique douloureusement ceux qui espéraient le voir s’effacer rapidement.

Mercredi 24 mai, comme presque tous les jours, la silhouette du médiatique médecin et microbiologiste s’engouffre dans l’ascenseur de l’IHU. Le code d’accès au quatrième étage, celui de la direction, n’a pas changé. Seule différence pour lui, son bureau n’est plus à droite, mais à gauche en sortant de l’ascenseur. « Une table dans une salle de travail », tient à relativiser Pierre-Edouard Fournier, qui a pris sa succession le 1er septembre 2022 et assure ne pas avoir de contrôle sur la situation de son prédécesseur.

Professeur émérite par la grâce du Grand Prix de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) obtenu en 2010, Didier Raoult a, à ce titre, accès à l’IHU quand il le souhaite. Et ne s’en prive pas, afin de suivre les travaux de ses deux derniers thésards et de travailler, pour le groupe japonais Hitachi, à l’adaptation de microscopes électroniques à la microbiologie. La mise à sa disposition d’un bureau n’était pas une obligation. Mais personne n’a proposé d’alternative. Et surtout pas l’université, qui ne veut pas être accusée de prolonger le bail du professeur sur un de ses sites. « Il est présent, mais son impact en interne est devenu quasi nul », se persuade François Crémieux.

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Source: Le Monde